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vaient-ils compter parmi leurs protecteurs des dieux auxquels ils avaient fait la guerre, qu’ils n’adoraient qu’après avoir atteint le but de leur désir, c’est-à-dire les avoir vaincus ; que peuvent pour vous ces dieux qui n’ont pu soutenir contre vos armes leurs propres adorateurs ? Vos dieux indigènes, nous les connaissons tous. N’est-ce pas Romulus, Picus, Tibérinus, Census, Pilumnus ? Picumnus Tatius inventa Cloacine et l’adora. À celle-ci Hostilius ajouta la Pâleur et la Crainte. Bientôt après, je ne sais quel autre déifia la Fièvre. Et voilà les protecteurs de Rome, la superstition, les maladies et les maux ! Assurément on peut encore ranger parmi ces derniers, et compter au nombre de vos divinités, Acca Laurentia et Flora, ces deux infâmes prostituées. Oui, sans doute, ces dieux vous ont aidé à étendre votre empire, et à vaincre les dieux adorés des nations étrangères. Peut-on supposer que vous ayez eu pour vous, contre ces peuples, le Mars de la Thrace, le Jupiter de Crète, la Junon d’Argos, de Samos et de Carthage ; la Diane de la Tauride, la Cybèle du mont Ida, enfin les monstres plutôt que les dieux de l’Égypte, à moins, peut-être, qu’ils n’aient trouvé chez vous des vierges plus chastes, des prêtres plus saints ? Mais, n’a-t-on pas puni dans plusieurs de vos vierges, comme un inceste horrible, le commerce sacrilége qu’elles ont eu avec des hommes, à l’insu de Vesta leur déesse ; les autres doivent leur impunité, non à une chasteté mieux gardée, mais à une impudicité plus heureuse. Et n’est-ce pas dans vos temples, entre vos autels, que vos prêtres fixent le prix du crime, trafiquent de l’honneur des femmes, méditent des adultères ?

Vous trouverez plus souvent dans la cellule de vos prêtres, que dans l’asile même de la prostitution, la débauche brûlante de feux impudiques et livrée à toutes les infamies. Avant vous, sous la conduite de la Providence, les Assyriens, les Mèdes, les Perses, les Grecs même et les Égyptiens, n’ont-ils pas longtemps régné sans avoir ni pontifes, ni arvales, ni saliens, ni vestales, ni augures, ni de ces poulets en cage, dont l’appétit ou le dégoût réglait le sort de l’empire.

XXVI. Je viens maintenant à ces augures, à ces auspices