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vrer qu’à ceux qui en payaient bien cher la connaissance ; car ils ne sont pas de ceux à qui notre Seigneur a dit : « Vous avez gratuitement reçu, donnez sans récompense. » Leurs mystères sont profonds, prodigieux, bien au-dessus de l’intelligence du vulgaire ; il faut de la peine, même à ceux qui veulent se tromper et tromper les autres, pour les apprendre : mais qui ne déploierait pas tout ce qu’il a d’énergie dans l’âme, pour savoir comment les larmes de l’Enthymèse, l’Æon infortunée, ont pu produire les mers, les fleuves et toutes les substances liquides ? Comment son sourire a fait éclore la lumière ; comment de sa crainte et de son anxiété sont nés tous les éléments matériels de ce monde ? Quant à moi, je me sens très-disposé à faire ressortir ce système. Les eaux, en effet, ne sont-elles pas ou douces ou salées ? douces comme les fontaines, les fleuves, la pluie, etc. ; salées comme les mers. Mais qui me dira que les larmes de l’Enthymèse ont pu produire des eaux de qualités si différentes ? J’aime à croire, moi, qu’au milieu de ses perplexités et de ses erreurs, la malheureuse Æon sentit la sueur ruisseler de son visage ; que les larmes ont produit les fontaines, les fleuves et toutes les eaux douces ; les sueurs, les mers et toutes les eaux salées. Cette explication n’est-elle pas plus vraisemblable ? Or, il y a des eaux chaudes, des eaux acres, des eaux plus ou moins pures ; je vous laisse à deviner comment elles les aurait produites : voilà où aboutissent leurs systèmes extravagants.

Ainsi, ayant parcouru tous les degrés de sa passion, la mère des Æons se mit à supplier la lumière qui l’avait abandonnée, c’est-à-dire le Christ. Celui-ci, de retour au Plerum, et ne voulant pas recommencer un nouveau voyage, lui envoya le Paraclet ou Sauveur, muni de tous les pouvoirs du Père, et investi de tout pouvoir, jusque sur les Æons eux-mêmes ; elle étend aussi sa domination, sur le visible et l’invisible, sur les trônes, les vertus et les puissances : celui-ci s’avance vers la mère, escorté des anges qui sont nés en même temps que lui. Achamoth, à en croire les valentiniens, pleine de crainte et de respect en sa présence, se voila chastement ; mais sitôt