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fort encore ; une croyance formelle que les espèces changent par une véritable transsubstantiation, et cela de la part d’un saint aussi illustre que saint Justin ! En vérité, ceux qui conseillent aux jeunes catholiques de s’adresser à de tels maîtres pour s’initier dans le protestantisme, doivent s’avouer coupables, ou d’avoir voulu les tromper grossièrement, ou d’être eux-mêmes dans une profonde ignorance touchant la foi des premiers chrétiens.

Nous venons de voir que la primauté de la chaire de saint Pierre avait été reconnue des chrétiens du premier âge, dans l’unique cas où l’on eût besoin de recourir à son intervention.

Je trouvai que ceux du second âge ne montraient pas moins d’empressement à s’y soumettre, en convenant de la justesse de la même prétention, comme on le voit par les décrets de l’Église et ceux de ses premiers pasteurs. Combien je m’attendais peu à une pareille découverte ! Voir la grande prostituée, la mère des fornications et des abominations (termes dont les prédicateurs de l’université protestante aimaient à se servir au sujet de la papauté), s’élever ainsi dans le brillant matin du Christianisme, souveraine et sans rivale.

Accoutumé à regarder la juridiction papale comme l’usurpation des siècles d’ignorance, je ne pus voir sans honte cette suite non interrompue de pontifes, qui la font remonter et qui l’attachent à ce roc sur lequel l’Église elle-même est bâtie ; et bien que je ne fusse moi-même qu’un embryon en fait de protestantisme, il m’était impossible de ne pas plaindre celui qui est pleinement imbu des principes de cette religion, quand il lit le témoignage que rend saint Irénée à la suprématie de la papauté. On sait que ce saint était si proche du temps des apôtres, qu’il eut pour maître, en fait de Christianisme, un des disciples de saint Jean l’évangéliste.

Voici ses paroles : « Nous pouvons compter ceux qui ont été établis évêques par les apôtres dans les Églises, de même que leurs successeurs jusqu’à nous, lesquels n’ont rien enseigné de pareil au délire de ces hommes (les hérétiques)… Mais, parce qu’il serait trop long de compter les successions de toutes les