CHAPITRE XIII.
Nous apprenons de la bouche même de notre Seigneur que, loin d’être venu pour abolir la loi naturelle, qui fut insérée dans le Décalogue et qu’observaient, dès le commencement du monde, ceux qui cherchaient à plaire à Dieu, il est venu au contraire pour la perfectionner et pour l’accomplir. Voici, en effet, qu’elles sont ses paroles : « Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras point d’adultère : et moi je vous dis que quiconque aura regardé une femme pour la convoiter, a déjà commis l’adultère dans son cœur. » Ailleurs encore : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; et quiconque tuera sera condamné par le jugement ; et moi je vous dis : Quiconque s’irrite contre son frère, sera condamné par le jugement. » Et dans un autre endroit : « Vous avez entendu encore qu’il a été dit aux anciens : Tu ne parjureras point, mais tu tiendras tes serments au Seigneur. Et moi je vous dis de ne jurer en aucune sorte, mais que votre discours soit : Oui, oui ; non, non. » C’est toujours en ces termes qu’il a parlé au sujet de l’ancienne loi. Or, je le demande, peut-on trouver dans de pareilles énonciations la volonté de contrarier ou d’abolir l’ancienne loi, comme le vocifèrent les partisans de Marcion ? N’est-il pas venu, au contraire, pour amplifier et compléter cette loi, comme il nous le dit lui-même : « Car je vous dis que si votre justice n’est pas plus abondante que celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux. » Que pouvait-il dire de plus fort ?