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n’ont commencé à paraître que longtemps après les premier évêques auxquelles les apôtres avaient confié le soin des églises ; d’où il tire cette conséquence, que c’est à l’Église qu’il faut avoir recours pour s’instruire de la véritable foi, parce qu’elle[1] est le chandelier à sept branches qui éclaire le monde entier ; au lieu que les hérétiques, voulant renchérir sur ce qu’ils ont appris des anciens, se sont par là éloignés de la vérité. Ce sont des aveugles et des guides d’aveugles qu’il faut fuir aussi bien que leur doctrine, pour se jeter entre les bras de l’Église, afin d’être élevé dans son sein et s’y nourrir des saintes Écritures.

Quoique saint Irénée reconnaisse l’Écriture sainte pour la règle immuable de notre foi, il ajoute néanmoins qu’elle ne renferme pas tout, et qu’étant obscure en divers endroits, il est nécessaire de recourir à la tradition[2], c’est-à-dire à la doctrine que Jésus-Christ et ses apôtres nous ont transmise de vive voix. Cette doctrine est connue, et la même dans toutes les Églises dont les évêques sont les successeurs des apôtres, mais surtout dans l’Église de Rome, dans celle de Smyrne, et dans celle d’Éphèse, qui toutes ont eu soin de conserver pur le dépôt de la foi qu’elles avaient reçu des apôtres, soit par écrit, soit de vive voix.

Mais à quelles marques reconnait-on la véritable Église ? À celle-ci, selon saint Irénée : c’est que, répandue dans tout l’univers, elle enseigne partout une même foi, s’appuyant sur la tradition fidèle des apôtres[3], méditant les mêmes préceptes, gardant en tous lieux la même hiérarchie sur la terre et les mêmes espérances pour le ciel, montrant partout la même voie du salut. C’est aux prêtres qui sont dans la véritable Église qu’il faut obéir ; ce sont eux qui, avec la succession de l’épiscopat, ont reçu la grâce de la vérité ; quant à ceux qui se séparent des successeurs des apôtres, et qui établissent des assemblées particulières, quelque part que ce soit, ils doivent être regardés comme suspects,

  1. Irén., liv. V, ch. 19.
  2. Ibid., liv. IV, ch. 33.
  3. Ibid., liv. V, ch. 20.