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— Jésus-Christ lui-même, continuai-je, nous apprend qu’Élie doit venir en personne. Mais nous savons qu’il parle du jour où le Christ viendra du ciel dans toute sa gloire. Quant au premier avénement, on peut dire aussi qu’Élie a paru ; car l’esprit de Dieu qui était en lui s’est manifesté comme précurseur dans la personne de saint Jean, un des prophètes sortis de votre nation et le dernier qui parut parmi vous. Car voici ce qu’il disait assis sur les bords du Jourdain : « Je baptise dans l’eau pour la pénitence ; mais celui qui doit venir après moi et dont je ne suis pas digne de porter les souliers est plus puissant que moi ; celui-là vous baptisera dans l’esprit et dans le feu. Il tiendra le van à sa main, et il nettoiera son aire, et il amassera son froment dans le grenier, et il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteindra jamais. »

Votre roi Hérode l’avait fait jeter dans les fers ; mais lorsqu’il célébrait le jour de sa naissance, la fille de son frère l’ayant charmé par sa manière de danser, il l’obligea de lui demander tout ce qu’elle voudrait. La jeune princesse, d’après le conseil de sa mère, demanda la tête de Jean. Le roi l’envoya couper et la fit apporter dans un bassin.

Jésus notre maître, quand il a paru sur la terre, dit-il à ceu qui prétendaient comme vous qu’Élie devait précéder le Christ :

« Oui, Élie doit venir et rétablir Israël ; mais je vous déclare qu’Élie est déjà venu, et ils ne l’ont pas connu, et ils ont fait contre lui tout ce qu’ils ont voulu. » Il est écrit qu’alors ses disciples comprirent qu’il leur avait parlé de Jean-Baptiste.

— Vous me paraissez encore, reprit Tryphon, blesser les idées reçues, quand vous dites que l’esprit de Dieu qui était dans Élie fut aussi dans Jean-Baptiste.

— Est-ce que vous ne savez pas, lui dis-je, que c’est précisément ce qui est arrivé à Jésus, fils de Nave, qui fut chargé après Moïse de conduire le peuple d’Israël ? Est-ce que Dieu lui-même, lorsqu’il ordonna à Moise de lui imposer les mains, n’a pas dit en propres termes : « Et moi ? je transporterai sur lui l’Esprit saint qui est en toi ? »

— Oui, dit Tryphon.