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il, à la prospérité des méchants, et ne comptez point sur la durée de leur orgueilleuse opulence. Leurs enfants même ne sont point sûrs de l’avenir ; car le temps ne connaît point de parents, et dévoile les crimes des hommes à la postérité. » Et dans un autre endroit : « La science ne manque pas à Dieu, et il lui est facile de connaître les méchants et leurs parjures. » Sophocle dit enfin : « Si vous avez fait le mal, il faut que vous souffriez aussi le mal. » Ainsi donc les poëtes s’accordent à peu près tous avec les prophètes sur les châtiments que Dieu réserve aux parjures et aux autres crimes. Que dis-je ? De bon gré ou de force, ils sont amenés à tenir le même langage sur le feu qui doit dévorer le monde ; postérieurs à nos écrivains sacrés, ils ont pu dérober toutes ces connaissances aux livres de la loi et des prophètes.

XXXVIII. Mais qu’importe qu’ils soient venus avant ou après les prophètes ? Toujours est-il qu’ils s’accordent parfaitement avec les derniers. Car voici ce que dit le prophète Malachie sur le feu qui doit consumer le monde : « Le jour du Seigneur vient comme un incendie qui dévorera tous les impies. » Isaïe dit : « La colère de Dieu viendra comme la grêle qui se précipite et comme le torrent qui entraîne tout dans un gouffre. » Non-seulement la Sibylle, les poëtes et les philosophes ont parlé de la justice de Dieu, du jugement et des peines à venir, mais, forcés encore par la vérité, ils ont confessé la providence de Dieu ; ils ont dit qu’il s’occupait des vivants et des morts. Voici comment Salomon parle de ces derniers : « Le parfum se répandra sur leurs chairs, et l’huile coulera sur leurs os. » David dit aussi : « Mes os brisés tressailliront. » C’est précisément la pensée du poëte Timocle : « Dieu, dit-il, regarde avec bonté ceux qui reposent dans l’urne. » Voyez la contradiction où tombent tous ces auteurs. Ils adorent une multitude de dieux, et reconnaissent l’empire d’un seul ; ils nient le jugement et le confessent ; ils combattent et admettent l’immortalité de l’âme. Homère dit quelque part : « Son âme s’évanouit comme un songe. » Puis dans un autre endroit : « Son âme, en