Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/454

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

légères comme l’eau et l’esprit, afin que l’esprit pénétrât l’eau, et que l’eau avec l’esprit pénétrant partout, fécondât la créature. Il n’y avait donc entre le ciel et l’eau que ce seul esprit qui occupait la place de la lumière, afin d’empêcher en quelque sorte que les ténèbres ne s’étendissent jusqu’au ciel voisin de Dieu, avant que Dieu eût dit : « Que la lumière soit. » Ainsi le ciel embrassait comme une voûte la matière qui était comme le sol. Voici en effet comment le prophète Isaïe parle du ciel : « C’est Dieu qui a fait le ciel comme une voûte, et qui l’a étendu comme une tente que nous devions habiter. » Voilà pourquoi la parole de Dieu, c’est-à-dire son Verbe, qui brillait comme dans une prison étroite, a éclairé tout à coup l’espace lorsque la lumière fut créée, indépendamment du monde. Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres nuit ; car l’homme n’aurait jamais pu donner un nom à la lumière, aux ténèbres, ni aux autres objets, s’il ne l’avait reçu du créateur. Au commencement du récit, l’Écriture ne parle point de ce firmament que nous voyons, mais bien d’un autre ciel invisible à nos yeux, d’après lequel celui qui frappe notre vue a été appelé firmament. C’est dans ce lieu qu’est renfermée une partie des eaux pour se répandre en pluie et en rosée, selon les besoins de l’homme ; tandis que le reste est resté sur la terre dans les fleuves, dans les fontaines et dans les mers. Les eaux couvraient encore la terre, et principalement les lieux profonds, lorsque Dieu, par son Verbe, les réunit en un seul endroit, et il découvrit ainsi la terre, qui n’avait pas encore apparu ; ainsi dégagée, elle était toujours informe ; Dieu lui donna sa forme et lui fit trouver sa parure dans cette multitude de plantes, de semences et de fruits qu’elle produit.

XIV. Voyez dans toutes ces productions quelle variété, quelle richesse, quelle beauté ravissante ; remarquez qu’elles sont soumises à une espèce de résurrection qui peut nous donner une idée de celle qui doit un jour avoir lieu pour tous les hommes. Qui ne serait ravi d’admiration, en voyant naître un figuier d’une petite graine, et s’élever d’énormes troncs des plus petites semences ? Quant à la mer, elle est en quelque sorte pour