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puérilités et d’erreurs et le peu de vérité qui s’y trouve. Tout ce qu’ils ont dit de vrai est mêlé de mensonge. Or, de même que le vin et le miel deviennent plus qu’inutiles, si l’on y verse du poison, ainsi en est-il des plus beaux discours ; ce sont de laborieuses frivolités, elles peuvent donner la mort à ceux qui y ajoutent foi. Ces écrivains ont aussi parlé du septième jour, jour célèbre chez tous les peuples ; mais la plupart ignorent ce que signifie ce septième jour, appelé sabbat, chez les Hébreux, et hebdomas, chez les Grecs ; cette dernière dénomination s’est conservée chez tous les peuples sans qu’ils en sachent la cause. Ce que dit Hésiode, quand il raconte que du chaos sont nés l’Érèbe, la Terre et l’Amour, qui commande aux dieux et aux hommes, n’est qu’un vain langage dénué de fondement. Car on ne peut supposer qu’un dieu soit esclave de la volupté, lorsqu’on voit des hommes qui s’abstiennent de tout plaisir déshonnête, et qui s’interdisent jusqu’au désir, dès lors qu’il est coupable.

XIII. Ce même poëte a montré qu’il avait de Dieu une idée toute humaine, basse et misérable, lorsqu’il part des choses terrestres pour commencer son récit de la création. L’homme, en effet, qui est si petit, est obligé de commencer par en bas l’édifice qu’il veut bâtir ; il ne peut élever le faîte ou le toit sans avoir posé d’abord le fondement. Mais la puissance de Dieu consiste à créer de rien ce qu’il veut, et à le créer selon son bon plaisir. « Car ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. » C’est pourquoi le prophète nous apprend qu’il créa d’abord le ciel en forme de voûte, comme le couronnement et le faîte de l’édifice : « Au commencement, dit-il, Dieu créa le ciel. » Il crée donc le ciel ainsi que nous l’avons dit ; il donne ensuite le nom de terre à la partie solide qui est comme le fondement, et celui d’abîme à la réunion des eaux. Il parle encore des ténèbres, parce que le ciel était comme un voile qui couvrait les eaux et la terre. Par cet esprit qui reposait sur les eaux, il entend le principe de vie que Dieu a donné aux créatures, pour la régénération des êtres, comme l’âme dans l’homme est unie au corps ; il rapprochait ainsi deux substances