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étaient les mêmes démons qui inspiraient autrefois ces écrivains profanes. Cependant quelques-uns de ces esprits, s’oubliant en quelque sorte eux-mêmes, ont parlé plus d’une fois comme les prophètes, afin qu’on pût leur opposer leur propre témoignage et le faire servir contre les hommes, pour appuyer l’unité de Dieu, la vérité d’un jugement, et les autres dogmes que ces esprits de ténèbres ont eux-mêmes reconnus.

IX. Mais les hommes de Dieu, inspirés par l’Esprit saint, et véritablement prophètes, reçurent d’en haut la science, la sagesse et la justice : c’est Dieu lui-même qui les instruisait ; il leur a fait l’honneur de les choisir pour être ses instruments et les dépositaires de sa sagesse ; c’est à la faveur de cette sagesse divine qu’ils nous ont fait connaître la création du monde et tant d’autres vérités. Ils ont prédit les famines, les guerres, tous les fléaux qui devaient arriver. Ce n’est pas un ou deux, mais plusieurs, qui parurent à diverses époques chez les Hébreux (comme aussi la Sibylle, chez les Grecs), et le plus parfait accord a toujours régné entre ces prophètes, soit qu’ils aient raconté les faits qui les avaient précédés, soit qu’ils aient parlé des événements contemporains, soit enfin qu’ils aient annoncé ceux qui se réalisent aujourd’hui sous nos yeux. De là nous apprenons à ne pas douter de l’accomplissement des prédictions qui regardent l’avenir, puisque nous avons sous les yeux celui des premières.

X. Ils ont tous enseigné, d’un commun accord, que Dieu avait tiré toutes choses du néant. Car aucun être n’existait de toute éternité avec Dieu ; mais comme il est à lui-même le lieu qu’il habite, qu’il n’a besoin de rien, qu’il est plus ancien que les siècles, il fit l’homme, pour que l’homme le connût ; il lui a préparé le monde pour être son séjour, parce que celui qui est créé a besoin de tout, tandis que l’être incréé n’a besoin de rien. Dieu, qui de toute éternité portait son Verbe dans son sein, l’a engendré avec sa sagesse avant la création. Il s’est servi de ce Verbe comme d’un ministre, pour l’accomplissement de ses œuvres, et c’est par lui qu’il a créé toutes choses. On l’appelle principe, parce qu’il a l’empire et la souveraineté sur les êtres