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vidence. Car s’il était, par exemple, en Orient, il n’était point en Occident ; et s’il était en Occident, il ne pouvait se trouver en Orient. Or, il appartient au Dieu véritable, au Dieu très-haut et tout-puissant, non-seulement d’être partout, mais encore de tout voir, de tout entendre et de n’être circonscrit par aucun lieu ; car autrement il serait inférieur au lieu qui le contient, puisque le contenant est toujours plus grand que le contenu ; et, par conséquent, Dieu ne peut être renfermé dans aucun lieu particulier, puisqu’il est lui-même le centre de toutes choses. Mais pourquoi Jupiter a-t-il abandonné le mont Ida ? Serait-ce parce qu’il est mort ou parce que ce séjour a cessé de lui plaire ? Où est-il donc allé ? Est-ce dans le ciel ? Point du tout. Est-ce dans la Crète ? Oui, sans doute, puisqu’on y voit encore son tombeau. Peut-être, est-ce à Pise, où jusqu’alors le génie de Phidias a fait vivre son nom et lui concilie des hommages. Arrivons maintenant aux écrits des philosophes et des poëtes.

IV. Quelques philosophes du portique ne reconnaissent aucun Dieu, ou s’ils en reconnaissent un, c’est un être qui ne s’occupe d’autre chose que de lui-même. Tel est le sentiment absurde d’Épicure et de Chrysippe. D’autres rapportent tout au hasard, prétendant que le monde est incréé et la nature éternelle ; ils ont osé dire qu’il n’y avait aucune Providence, et pas d’autre Dieu que la conscience de chaque homme. D’autres encore ont regardé comme Dieu cet esprit qui pénètre la matière. Quant à Platon et à ses sectateurs, ils reconnaissent, il est vrai, un Dieu incréé, père et créateur de toutes choses ; mais ils établissent en même temps deux principes incréés, Dieu et la matière qu’ils disent coéternels. Si ces deux principes sont également incréés, il s’en suit que Dieu n’a pas fait toutes choses et que sa domination n’est point absolue, comme le prétendent les platoniciens. D’ailleurs, si la matière était incréée comme Dieu, elle serait égale à lui et comme lui immuable, puisqu’il n’est lui-même immuable que parce qu’il est incréé ; car ce qui est créé est sujet au changement et aux vicissitudes, l’être incréé est le seul qui ne change