Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/432

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rivage, vous ne doutez pas qu’il n’ait un pilote pour le gouverner, pourriez-vous douter qu’il existe un Dieu moteur et maître de l’univers, sous prétexte que les yeux du corps ne le voient pas ? L’homme mortel ne peut regarder fixement le soleil, ce faible élément, comment pourrait-il soutenir l’éclat inénarrable de la gloire de Dieu ? Voyez la grenade entourée d’une écorce : l’intérieur se compose d’un grand nombre de petites cellules que séparent des membranes légères, et qui contiennent plusieurs grains. Ainsi, l’esprit de Dieu contient toutes créatures, et cet esprit, avec toutes les créatures, est dans la main de Dieu. Or, les grains, renfermés dans la grenade, ne peuvent voir ce qui est au delà de l’écorce, puisqu’ils sont dans l’intérieur ; ainsi, l’homme renfermé dans la main de Dieu, avec tous les autres êtres, ne peut appercevoir Dieu lui-même. Personne ne doute de l’existence d’un roi de la terre, bien que la plupart de ses sujets ne puissent le voir ; mais il se fait assez connaître par ses lois, ses édits, son pouvoir, ses armées, les images qui reproduisent ses traits, et la toute-puissance de Dieu, la beauté de ses œuvres, ne le feraient pas connaître ?

VI. Considérez, ô homme, quelles sont ses œuvres : les vicissitudes périodiques des saisons, les variations de l’atmosphère, la succession admirable des jours, des nuits, des mois et des années ; la prodigieuse variété des semences, des plantes et des fruits ; les diverses espèces d’animaux, qui marchent ou qui rampent sur la terre, qui volent dans l’air, qui nagent dans les eaux ; l’instinct donné à chacun d’eux pour se multiplier, pour nourrir leurs petits, destinés non à leur propre usage, mais à celui de l’homme ; la Providence qui prépare à tous les êtres vivants une nourriture convenable ; l’obéissance qui leur est commandée d’avoir pour l’homme ; le cours perpétuel des fontaines et des fleuves, l’abondance des pluies et des rosées répandues sur la terre, à différentes époques ; les divers mouvements des corps célestes ; le lever de l’astre du matin, qui nous annonce le lever d’un astre plus brillant ; la conjonction de la Pleïade et d’Orion ; la route d’Arcture et des autres corps célestes, décrite dans les cieux, par cette sagesse infinie qui a