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qu’aucun auteur grec n’avait dit, puisque Apen, dans la langue grecque, est composé de six lettres. D’ailleurs, ces commentaires ne méritent point d’être attribués à un homme d’un mérite aussi distingué qu’était saint Théophile. Ce n’est qu’une espèce de compilation et de recueil informe d’explications de différents commentaires, où l’auteur a apporté peu d’exactitude. Le passage même de Théophile cité par saint Jérôme n’y est pas à sa place ; on n’y garde non plus aucun ordre dans l’explication des évangiles, et quelquefois, après avoir donné l’interprétation d’un verset de saint Mathieu, on passe à un autre de saint Jean, ou de quelqu’autre évangéliste, qui n’ont ensemble aucune liaison. Il y a même quelques chapitres qui y sont expliqués, sans garder aucune suite dans les versets ; ensorte que l’auteur commence par les derniers, puis revient aux premiers. On peut ajouter qu’il parle si clairement, et avec tant de précision des deux natures en Jésus-Christ, qu’il paraît n’avoir écrit que depuis l’hérésie d’Eutychés.


Concorde des Évangiles attribuée à saint Théophile.


IX. Saint Jérôme dit encore que Théophile avait rédigé en un corps les paroles des quatre évangélistes, c’est-à-dire, qu’il avait fait une concordance de l’Évangile, et que par cet ouvrage il nous avait laissé un monument de son génie. Mais nous n’avons rien de semblable sous le nom de Théophile, et on doute si saint Jérôme n’a pas attribué à saint Théophile ce qui est dit de Tatien.


Jugement de ses écrits. Ce qu’ils contiennent de remarquable.


X. Le peu qui nous reste des ouvrages de saint Théophile nous doit faire regretter ceux qui ne sont pas venus jusqu’à nous. Le style en est élégant, poli et varié ; le tour des pensées vif et agréable ; les raisonnements justes et pressants ; et ils sont