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seau voguer en mer, et entrer dans le port, ne doute pas qu’il n’y ait au dedans un pilote qui le gouverne. Qui peut donc douter qu’il n’y ait un Dieu qui gouverne l’univers, quoique nous ne le voyions pas des yeux du corps ? Il ajoute : « que dans l’autre vie nous conviendrons même malgré nous de l’existence du vrai Dieu, qui ressuscitera nos corps, et leur accordera aussi bien qu’à nos âmes l’immortalité. » Il montre ensuite la fausseté des dieux du paganisme, qui, avant qu’on leur eût décerné les honneurs divins, n’ont été que des hommes abandonnés à toutes sortes de crimes, de vils animaux, tels qu’étaient la plupart des dieux adorés par les Égyptiens. « L’empereur, poursuit-il, est plus digne d’honneur que tous ces dieux ; mais il ne faut pas l’adorer. Ce culte n’est dû qu’au vrai Dieu, qui a établi l’empereur même, non pour être adoré, mais pour rendre la justice. » Il reprend Autolyque du mépris qu’il témoignait pour le nom de Chrétien, qui n’enferme rien que de bon et d’agréable dans sa signification, puisqu’il ne nous est donné qu’à cause de l’huile sainte dont nous recevons l’onction au baptême. Puis il lui prouve que c’est à tort qu’il nie la résurrection des morts, sous le spécieux prétexte qu’on ne peut lui faire voir un homme ressuscité, lui qui ne faisait point de difficulté de croire qu’Hercule et Esculape, l’un dévoré par les flammes, l’autre frappé de la foudre, étaient revenus d’entre les morts. Mais, pour lui rendre cette vérité plus sensible, apporte l’exemple de plusieurs sortes de résurrections que nous voyons tous les jours dans la nature ; et il l’exhorte, pour mieux se convaincre de ce dogme, à lire avec soin les écritures des prophètes, où il trouvera le chemin de la vie, et le moyen d’éviter la rigueur des jugements de Dieu dont tous les incrédules sont menacés.

V. Théophile emploie le commencement de son second livre à montrer, par les histoires mêmes des païens, l’absurdité du culte des faux dieux, l’ignorance des philosophes et des poëtes sur la nature de la Divinité, et les contradictions dans lesquelles ils sont tombés touchant l’origine du monde et la Providence qui le gouverne. Il avoue néanmoins que quelques-uns d’entre eux ont eu des notions assez justes sur l’unité de Dieu et sur le jugement