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livre d’un ouvrage de Chrysore, où l’on trouvait une liste des empereurs, depuis Jules-César, jusqu’à la mort de Marc-Aurèle, arrivée en 180 ; 2° que Théophile y représente les Chrétiens comme étant persécutés. Or, selon ces critiques, Théophile d’Antioche, étant mort la première année de Commode, n’a pu voir un ouvrage qui faisait mention de la mort de Marc-Aurèle, prédécesseur de Commode ; d’ailleurs, l’Église ayant joui d’une paix assez tranquille sous Commode, il ne paraît pas naturel de placer en ce temps-là des ouvrages qui parlent des persécutions ouvertes contre les Chrétiens. Mais on ne voit pas ce qui empêche que Chrysore, affranchi de Marc-Aurèle, ait rendu ses écrits publics aussitôt après la mort de ce prince ; et qu’étant venus à la connaissance de Théophile d’Antioche, celui-ci les ait cités l’année d’après, c’est-à-dire en 181. Quant à la paix dont l’Église jouit sous le règne de Commode, elle ne fut pas si générale ni si constante qu’on ne fît mourir des Chrétiens pour cause de religion, et par arrêt du sénat même ; comme il paraît par le martyre de saint Apollonius, sénateur romain, mis à mort vers l’an 186 de Jésus-Christ, de Commode 6 et 7. Cet empereur ne fut pas d’abord favorable aux Chrétiens, et on voit qu’Arrius Antonius, qui était proconsul d’Asie dans les premières années de son règne, les persécutait avec beaucoup de cruauté.


Doctrine des trois livres à Autolyque.


IV. Il faut donc s’en tenir au sentiment d’Eusèbe et de saint Jérôme, qui attribuent à Théophile d’Antioche les trois livres à Autolyque. Dans le premier livre, Théophile répond à la question qu’Autolyque lui avait faite touchant le vrai Dieu, et dit : « qu’il n’y a que ceux qui ont le cœur entièrement purifié qui puissent connaître la nature de Dieu. » Toutefois, pour lui en donner quelque idée, il fait l’énumération de ses principaux attributs, et ajoute : « que comme l’âme de l’homme est invisible, et qu’elle ne se fait connaître que par les mouvements du corps, » ainsi nous ne pouvons connaître Dieu de nos yeux, mais par sa providence et par ses œuvres. Celui qui voit un vais-