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comme transportés hors d’eux-mêmes, lorsque l’esprit de Dieu les animait et agissait en eux ; manière de parler qu’il pouvait avoir empruntée des prophètes mêmes, qui disent quelquefois : « J’ai dit dans le transport de mon esprit, dans mon extase, » pour marquer le ravissement, l’étonnement et l’admiration où ils étaient, lorsque le Seigneur leur découvrait les choses cachées ; ce qui est bien différent des extases ou des enthousiasmes de Montan, qui étaient plutôt d’un fanatique et d’un furieux que d’un prophète. Nous remarquerons qu’Athénagore appelle les secondes noces d’honnêtes adultères ; mais il faut pardonner la dureté de ces expressions au zèle qu’il avait de justifier les Chrétiens des crimes d’impureté dont on les accusait, et il ne pouvait mieux faire qu’en montrant leur amour pour la virginité, et cet amour était tel, qu’un grand nombre d’entre eux demeuraient vierges toute leur vie, et que ceux qui s’étaient une fois engagés dans le mariage n’en contractaient pas un second, après la mort de leur femme. Saint Basile, qui croyait les secondes noces permises, ne laisse pas de les appeler une fornication châtiée. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’Athénagore et ceux des Grecs qui ont parlé un peu durement des secondes noces ne les ont pas condamnées absolument, leurs censures ne tombant que sur l’esprit d’incontinence, qui conduit pour l’ordinaire ceux qui se marient plusieurs fois. On peut encore remarquer dans les écrits d’Athénagore la charité et la pureté qui régnaient parmi les Chrétiens de son temps. Selon la différence des âges, ils regardaient les uns comme leurs enfants, les autres comme leurs frères et sœurs, et ils honoraient les personnes âgées comme leurs pères et leurs mères. Dans le mariage, ils ne se proposaient que d’avoir des enfants, et ne se permettaient rien de ce qui pouvait blesser la pureté. Ils n’assistaient point aux spectacles des gladiateurs et des bêtes, pas même au supplice de ceux qui étaient justement condamnés. Enfin ils étaient soumis aux princes, quoique païens, et priaient pour la prospérité de leur empire.


Éditions des ouvrages d’Athénagore.


Le Traité de la résurrection des morts parut pour la première fois en grec, à Paris, en 1541 (in-4°), avec la traduction latine de Pierre Nannius ; George Valla en avait déjà fait une auparavant, imprimée à Venise en 1498 et 1550 (in-folio), dans un recueil de différentes pièces ; mais comme elle était moins exacte que celle de Nannius, elle eut aussi moins de cours : ce traité fut encore imprimé en grec et en latin, à Louvain, en 1541 (in-4°) ; à Bâle, en 1550 (in-folio), dans le Micropresbyticus, et dans les Orthodoxographes, en 1555 (in-folio), et en latin, avec les Œu-