Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/412

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deux natures ; s’il est vrai qu’il ne peut l’obtenir tant qu’il est sur la terre, pour les raisons déjà rapportées ; ni la trouver dans l’âme séparée du corps, parce que l’homme n’existe plus quand le corps est dissout et détruit, bien que son âme subsiste toujours par elle-même, il faut nécessairement que cette fin se trouve dans un autre état, où ces deux natures se trouveront réunies pour reproduire le même être.

Concluons que les corps, qui ont payé le tribut à la nature et qui sont détruits, doivent ressusciter et que les mêmes hommes doivent reparaître ; je dis les mêmes hommes qui ont vécu, car ce n’est pas à l’homme en général que Dieu a fixé une fin particulière, mais c’est à ces mêmes hommes que la terre a portés. Or, pour faire les mêmes hommes, il faut que les mêmes âmes rentrent dans les mêmes corps ; et ce retour des mêmes âmes dans les mêmes corps ne peut se faire que par la résurrection ; c’est seulement dans ce retour que je vois une fin convenable à l’homme. Sa fin consiste dans la jouissance parfaite et constante de ce qui convient à une nature douée de raison et de sagesse ; elle consiste à goûter sans interruption le bonheur dont nous avons déjà un léger écoulement dès cette vie ; à contempler celui qui est, et à le glorifier sans fin. Je sais que la plupart des hommes, pour n’avoir eu que des affections terrestres et s’être livrés sans frein à leurs passions, se trouveront au moment de la mort bien éloignés de cette fin dernière ; mais le grand nombre de ceux qui ne répondent pas à leur destinée ne détruit pas cette fin commune. Il se fera une recherche, un examen sévère de la vie de chacun de nous, et selon qu’elle sera trouvée bonne ou mauvaise, chacun de nous recevra sa récompense ou son châtiment.