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réunies ? Et comment pourront-elles se réunir, si après leur dissolution elles ne viennent pas se ranger de nouveau et dans le même ordre qu’auparavant ? Cette reconstitution des hommes suppose donc nécessairement la résurrection des corps après leur mort et leur dissolution. Car sans elle les mêmes parties ne se réuniraient point selon leur nature, et le même individu ne serait pas reconstruit ; la faculté de penser et de raisonner a été donnée à l’homme pour parvenir non-seulement à une connaissance distincte des créatures qui sont le plus à sa portée, mais encore à la connaissance de son Dieu, de son bienfaiteur, de sa bonté, de sa sagesse et de sa justice. Tant que la raison pour laquelle Dieu a donné à l’homme cette faculté subsistera, cette faculté doit subsister aussi, et comment subsistera-t-elle sans la nature qui l’a reçue et en qui elle réside ?

Or, c’est en l’homme et non point en l’âme seulement que résident le jugement et la raison. Il faudra donc que l’homme, ce composé d’âme et de corps, subsiste toujours, et il ne peut subsister toujours s’il ne ressuscite ; autrement ce n’est plus, à proprement parler, la nature de l’homme, mais une partie de lui-même qui continue d’exister. Si la nature de l’homme n’est pas conservée intacte, pourquoi l’âme aurait-elle été associée aux douleurs et aux misères du corps ? C’est en vain que, retenu par elle dans la poursuite de ses désirs, le corps est resté docile et soumis au frein de l’âme : cette union de l’âme et du corps une fois rompue, tout serait inutile, l’intelligence, la prudence dans la conduite, la pratique de la justice, l’exemple des vertus, la sagesse des lois ; en un mot, tout ce qu’il y a d’admirable dans l’homme, tout ce qui se fait de bien pour lui, ou plutôt c’est la création, c’est la nature même de l’homme qui est inutile. S’il est vrai que dans toutes les œuvres de Dieu, et dans tous les dons de sa munificence, rien ne s’est fait en vain, il faut de toute nécessité que le corps, selon la nature qui lui est propre, soit immortel comme l’âme elle-même.

XVI. Mais qu’on ne s’étonne pas si j’appelle permanente une vie interrompue par la mort et la corruption ; qu’on réfléchisse