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sujet à la souffrance et à la corruption, bien moins encore le pourrait-elle, lorsqu’elle règnera dans un corps exempt de douleur et devenu incorruptible. On en peut dire autant du corps. Si maintenant, dans son état de corruption c’est un bonheur pour lui d’être associé à un être incorruptible, direz-vous qu’il souffrira une injustice, lorsqu’il partagera avec cet être le privilége de l’incorruptibilité ? Oserait-on dire qu’il est indigne du Très-Haut de ranimer un corps tombé en dissolution et d’en recueillir les restes épars ? Certes, s’il ne fut pas indigne de lui de le créer dans un état imparfait, sujet à la corruption et à la douleur, se dégraderait-il en le créant plus beau qu’il n’était, impassible et immortel ?

XI. Ainsi donc j’ai démontré, par les premiers principes et par les conséquences qui en découlent, chacun des points mis en question ; et dès lors il reste prouvé que la résurrection des morts n’est point une œuvre au-dessus du pouvoir ni de la volonté de Dieu, et qu’elle n’est point indigne de lui. Maintenant se trouvent confondus l’erreur et les absurdes raisonnements de l’incrédulité. Est-il besoin d’ajouter qu’établir un de ces points c’est avoir établi l’autre, et de montrer leur rapport et leur liaison ? Mais faut-il se servir des mots de rapport et de raison comme s’il y avait ici quelque différence ? n’est-il pas vrai que tout ce que Dieu peut il le veut, et que tout ce qu’il veut il le peut aussi, sans blesser aucune de ses divines perfections ? Rappelons-nous ce que nous avons dit dès le commencement de ce discours, qu’il faut parler pour la vérité et sur la vérité ; qu’il ne suffit pas de l’établir, qu’il faut encore la défendre ; qu’il existe une grande différence entre l’un et l’autre ; en quelles circonstances, à l’égard de quelles personnes il fallait employer ces deux moyens. Pour mieux expliquer ma pensée et lier ce que nous avons dit avec ce que nous allons dire, qu’il me soit permis de mettre à la tête de ma seconde partie le même préambule par où j’ai commencé la première. Démontrer la vérité c’est plus que la défendre ; mais je soutiens en même temps que la défense doit accompagner ou plutôt précéder la démonstration,