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conçue ; sans cela, si l’on est sage et qu’on ne veuille rien entreprendre au-delà de ses forces, on se gardera bien de mettre la main à l’œuvre ; ou si l’on est assez téméraire pour tenter quelques efforts, ils seront vains et impuissants.

Mais peut-on dire que Dieu ignore la nature des corps qu’il doit rappeler à la vie ; des parties les plus grandes comme des plus petites ; qu’il perd de vue une seule parcelle de ces corps tombés en dissolution, un seul des éléments auxquels s’est unie chaque parcelle après la dissolution du corps, quelque imperceptibles que soient à nos yeux ces atomes qui ont été se réunir aux parties du monde avec lesquelles ils avaient quelque affinité ? N’est-il pas vrai que, même avant l’organisation des êtres divers, Dieu connaissait les principes qui devaient entrer dans leur composition, les parties de ces éléments qui lui semblaient et plus propres à être mises en œuvre ? Il n’est pas moins certain que Dieu, après la décomposition de nos corps et la dispersion de leurs éléments dans toutes les parties du monde, sait où est allée chacune des parcelles qu’il avait employées à la création et à la formation complette de chacun de nous ; d’autant plus que, selon notre manière de parler et d’apprécier les choses, le plus difficile est de connaître d’avance ce qui n’est pas encore ; mais si vous parlez de Dieu, il est de sa grandeur comme de sa sagesse de connaître aussi facilement ce qui n’est pas encore que de savoir ce qu’est devenu ce qui avait été : les lumières ne manquent pas à Dieu, ce n’est pas non plus la puissance.

III. Il peut recomposer nos corps, et la preuve c’est qu’il a pu les créer. Quand il s’est agi de donner à nos corps leur constitution première ou d’en créer les parties élémentaires, il a trouvé le néant docile à sa voix ; lui sera-t-il plus difficile de se faire obéir, quand il commandera à ces corps de se ranimer après leur dissolution, de quelque manière qu’elle ait eu lieu ? S’il a pu l’un, il peut également l’autre, et qu’on dise si l’on veut que c’est la fécondité de la matière, ou la combinaison des éléments, ou la disposition des germes humains, qui donne naissance à nos corps, quelque soit le système qu’on