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vaient fait partie de leur vie. J’ai prouvé autant qu’il était en moi, mais non aussi bien que le demandait la dignité du sujet, que nous sommes loin d’être des athées, puisque nous croyons en un seul Dieu créateur de toutes choses et en son Verbe.

XXXI. Nos détracteurs nous reprochent encore des repas et des voluptés infâmes, soit pour légitimer leur haine à leurs propres yeux, soit dans l’espérance de nous épouvanter et de nous faire abandonner notre foi, soit enfin pour attirer sur nous les rigueurs des princes et les rendre inexorables, à raison de la gravité des crimes ; mais ils veulent en vain tromper des hommes qui savent bien que ces manœuvres ne sont pas nouvelles, et qu’elle existe depuis longtemps, ainsi le veulent la raison et la loi divine, cette guerre du vice contre la vertu. Pythagore est mort dans les flammes avec trois cents autres philosophes ; Démocrite fut chassé de la ville d’Éphèse, tandis que les Abdéritains traitaient Héraclite d’insensé ; les Athéniens condamnèrent Socrate à mourir. Mais, comme la vertu de ces sages ne reçut aucune atteinte des folles opinions de la multitude, de même aussi les calomnies téméraires de quelques hommes ne pourront jeter le moindre nuage sur l’innocence de nos mœurs. Nous sommes bien auprès de Dieu, peu nous importe le reste.

Cependant je répondrai à ces accusations : mais je sens que nous sommes déjà justifiés à vos yeux par tout ce que j’ai dit ; car vous ne doutez pas, grands princes, vous qui surpassez tous les autres en intelligence, que des hommes qui se proposent Dieu même pour modèle, des hommes qui ont à cœur de se conserver purs et irréprochables à ses yeux ; vous ne doutez pas qu’ils ne s’interdisent jusqu’à la pensée du mal, bien loin de se souiller des crimes énormes dont on les accuse ! Si nous ne connaissions pas d’autre vie que celle-ci, on pourrait nous soupçonner d’être esclaves de la chair et du sang, et de nous abandonner à l’avarice et à la volupté ; mais quand nous sommes persuadés que nuit et jour Dieu est présent à toutes nos actions, qu’il connaît nos pensées et nos paroles, et qu’il