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« Le Père des dieux et des hommes, dit-il, étant entré en fureur, lança la foudre du haut du ciel et tua, dans sa colère, le fils de Latone, qu’il aimait tendrement. »

Pindare ajoute sur le même sujet :

« La sagesse elle-même se laisse séduire par l’appât du gain. Ainsi le dieu Esculape, tenté par l’or qu’on lui offrait, voulut rappeler un mort du tombeau. Mais, frappés à l’instant l’un et l’autre par la foudre de Jupiter irrité, ils perdirent aussitôt la respiration et la vie. »

Certes, si ce sont là des dieux, comment la soif de l’or a-t-elle pu les dévorer ?

« Or, a dit un poëte, présent le plus agréable aux mortels ! nul enfant ne fut plus chéri de sa mère, nulle mère ne fut plus aimée de son enfant que ce vil métal. »

Comment la Divinité, qui n’a besoin de rien, serait-elle dominée par la cupidité ? Elle ne peut non plus mourir. Je ne vois ici que des hommes devenus, par faiblesse, méchants et cupides. Qu’ajouterai-je encore ? Pourquoi rappeler et Castor, et Pollux, et Amphiaraüs ; ces hommes d’hier, nés d’autres hommes, et maintenant placés au rang des dieux ? Ino, elle-même, après sa fureur et les douleurs cruelles qui en furent la suite, n’est-elle pas honorée aujourd’hui comme une déesse ?

« Les naufragés l’ont surnommée Leucothoé. » Et son fils est invoqué comme un dieu, sous le nom de Palémon, par les nautonniers.

XXX. Si des hommes détestables et dignes de la haine du Ciel ont été regardés comme des deux ; si la fille de Dercète, Sémiramis, femme cruelle et impudique, est honorée comme une déesse dans la Syrie, et si les Syriens, à cause de Dercète, adorent Sémiramis et les colombes ; car, s’il en faut croire la ridicule fable de Ctésias, cette femme fut changée en colombe, pourquoi s’étonner que d’autres rois aient été appelés dieux par leurs sujets qui redoutaient leur pouvoir ou leur tyrannie ? C’est ainsi que s’exprime la Sibylle citée par Platon :

« Au dixième âge du monde, où les hommes parlaient diverses