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tues ? L’âme, transportée hors d’elle-même par je ne sais quels mouvements fantastiques, se crée des images qui viennent en partie des objets sensibles et en partie d’elle-même. Elle est surtout la dupe de ces folles imaginations lorsqu’elle s’unit et s’identifie, pour ainsi dire, avec le prince de la matière ; elle oublie les choses célestes et leur auteur pour s’arrêter aux choses d’en bas, et devient chair et sang, au lieu de rester ce qu’elle est, un pur esprit. Ces mouvements fantastiques et désordonnés, une fois imprimés à l’âme, enfantent des visions qui ressemblent à toutes ces folies qu’on nous débite sur les statues.

Et lorsqu’une âme tendre et flexible, sans expérience, privée de l’aliment d’une doctrine forte, et dès lors inhabile à contempler la vérité, le Dieu père et créateur de toutes choses, est une fois imbue de fausses opinions, que fait le démon qui règne sur le monde matériel, qui aime l’odeur et le sang des victimes, et séduit les hommes à la faveur de ces mouvements dont l’impression égare l’esprit du vulgaire ? il le subjugue au point de lui faire croire que ces visions viennent des statues et des simulacres ; et si l’âme par elle-même, puisqu’elle est immortelle, fait des actes raisonnables, soit en prédisant l’avenir, soit en opérant quelques guérisons, le démon revendique cette gloire.

XXVIII. Maintenant disons un mot sur les noms des dieux, comme nous l’avons promis. Hérodote et Alexandre, fils de Philippe, dans une lettre à sa mère (car l’un et l’autre eurent, dit-on, des entretiens avec les prêtres d’Héliopolis, de Memphis et de Thèbes), rapportent qu’ils tenaient de ces prêtres que leurs dieux avaient été des hommes. Voici comment parle Hérodote : « Ils disaient que ceux dont ils nous montraient les effigies avaient réellement existé avec les mêmes formes humaines sous lesquelles ils étaient représentés, et qu’ils n’étaient rien moins que des dieux ; mais ils ajoutaient qu’avant eux des divinités avaient régné sur l’Égypte, sans avoir rien de commun avec ces hommes ; que toujours un d’entre eux avait eu le souverain pouvoir ; que le dernier qui régna sur cette contrée, après avoir détrôné Typhon, fut Orus,