Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce dieu terrible dans les combats, ce puissant auxiliaire de Jupiter contre les Titans, se trouve plus faible qu’un mortel :

« Mars brandissant sa lance, était comme un furieux. »

Taisez-vous donc, Homère ! Un Dieu ne connaît point la fureur ; et vous me vantez un dieu souillé de sang et fatal aux hommes.

« Mars, Mars, fléau des humains, souillé de meurtres. »

Vous me racontez son adultère et les chaînes dont il fut lié :

« Les deux amants gagnèrent leur couche et s’endormirent ; mais les chaînes, fabriquées par la prudence de Vulcain, les enveloppèrent bientôt de toutes parts, et ils ne pouvaient se remuer en aucune manière. »

Quand donc les poëtes cesseront-ils de se permettre, à l’égard de leurs dieux, tant de puérilités sacriléges ? Cœlus est mutilé, Saturne est chargé de fers et précipité dans le Tartare, les Titans se révoltent, le Styx meurt dans un combat ; vous le voyez, déjà même ils les font mortels. Ces dieux brûlent entr’eux d’un coupable amour, et même à l’égard des hommes.

« Vénus conçut Énée d’Anchise, sur le mont Ida ; quoique déesse, elle s’unit à un mortel. »

Or, je vous le demande, n’est-ce pas là brûler d’amour ? N’est-ce pas avoir toutes nos faiblesses ? Mais s’ils sont dieux, doivent-ils sentir l’atteinte des passions ? Quand même un dieu, par une permission divine, revêtirait notre chair, serait-il pour cela esclave des passions humaines ? Écoutez cependant ce que dit Jupiter :

« Jamais ni femme ni déesse n’a embrasé mon âme d’un tel feu, ni lorsque je fus épris d’amour pour l’épouse d’Ixion, ni lorsque je brûlais pour la belle Danaé, fille d’Acrisius, ni la fille du valeureux Phénix, ni Sémélé, ni Alcmène de Thèbes, ni Cérès, reine à la belle chevelure ; ni l’illustre Latone, ni toi-même, ne m’avez jamais inspiré tant d’ardeurs. »

Celui qui tient ce langage est créé et sujet à la corruption, n’a rien d’un dieu ; il en est même parmi ces dieux qui ont été les esclaves des hommes :