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et leurs généalogies. Hérodote l’avoue lui-même : « Je pense, dit-il, qu’Hésiode et Homère m’ont précédé de quatre cents ans, tout au plus ; ce sont eux qui ont appris aux Grecs l’origine de leurs dieux, qui leur ont donné leurs noms, assigné leur rang, désigné les arts auxquels ils président, déterminé leurs formes et leurs figures. »

Quant aux statues, elles furent entièrement inconnues, tant que la plastique, la peinture, la sculpture furent ignorées, jusqu’à ce qu’enfin parurent Saurius de Samos, Craton de Sicyone, et Coré, jeune fille de Corinthe. Car Saurius inventa le dessin, en traçant au soleil l’ombre d’un cheval ; Craton, la peinture, en imprimant sur une tablette blanche les diverses teintes de l’homme et de la femme ; et Coré, enfin, la coroplastique. Cette dernière, éprise d’amour pour un jeune homme, traça, pendant qu’il dormait, son ombre sur un mur ; et son père, charmé de voir une ressemblance si parfaite, découpa le dessin et le remplit d’argile (car il était potier). On conserve encore aujourd’hui à Corinthe cette effigie. Après eux, Dédale et Théodore de Milet inventèrent la plastique et la sculpture. L’époque de la première apparition des images et des simulacres est donc si rapprochée de nous, que nous pourrions indiquer l’auteur de chaque dieu. En effet, on doit à Endyus, disciple de Dédale, la statue d’Arthémise d’Éphèse, celle de Minerve, ou Athène, ou mieux encore Athèle (car elle est ainsi appelée par ceux qui nous ont transmis, sous le voile du mystère, que sa première statue avait été faite d’un olivier), et celle enfin de Minerve assise. La statue d’Apollon Pythien est l’œuvre de Théodore et de Télècle ; celles d’Apollon de Délos et d’Arthémise sont l’ouvrage d’Idutée et d’Augélion. Junon, adorée à Samos et à Argos, est de la main de Smilide ; Phidias a fait les autres statues de ces deux villes. La Vénus prostituée de Cnide est l’ouvrage de Praxitèle. En un mot, il n’est aucun de ces simulacres qui n’ait été fait de main d’homme. S’ils sont des dieux, pourquoi n’étaient-ils pas dès le commencement ? Pourquoi sont-ils postérieurs à leurs auteurs ? Pourquoi avaient-ils besoin des hommes et du secours de l’art pour