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surément la philosophie est le plus grand de tous les biens et le plus précieux devant Dieu, puisqu’elle nous conduit à lui et nous rend agréables à ses yeux ; aussi je regarde comme les plus grands des mortels ceux qui se livrent à cette étude. Mais qu’est-ce que la philosophie ? Descendue du ciel pour éclairer les hommes, d’où vient qu’elle reste cachée à la plupart ? Il ne devrait y avoir ni platoniciens, ni stoïciens, ni péripatéticiens, ni pythagoriciens, ni contemplatifs ; mais il importe, puisque cette science est une, de dire pourquoi nous la voyons ainsi divisée. Ceux qui s’occupèrent les premiers de philosophie se firent un nom célèbre par cette étude ; ils eurent des successeurs qui adoptèrent leur doctrine sans chercher par eux-mêmes la vérité ; frappés de la vertu, de la force d’âme, du langage sublime de leurs maîtres, ils les crurent sur parole, tinrent pour vrai ce qu’ils en avaient reçu, et transmirent à leurs propres disciples ces premières opinions avec celles qui s’en rapprochaient le plus, en conservant le nom donné primitivement au père ou chef de l’école. Je voulus autrefois connaître ces divers systèmes de philosophie. Je m’attachai d’abord à un stoïcien ; mais voyant qu’un long séjour chez lui ne m’avaient rien appris de plus sur Dieu que je n’en savais (faut-il s’en étonner ? il ne le connaissait pas lui-même et ne pensait pas que cette connaissance fût nécessaire), je le quittai pour m’adresser à un péripatéticien, homme très-habile, du moins c’est ce qu’il croyait. Après m’avoir souffert près de lui les premiers jours, il me pria de fixer ce que je voulais lui donner pour ces leçons, afin, disait-il, qu’elles fussent utiles à tous deux. Là-dessus je le quittai, jugeant qu’il n’était rien moins que philosophe. Mais comme je voulais avant tout savoir ce qui fait le fond et l’essence de la philosophie, j’allai trouver un pythagoricien qui était en grande réputation, et il avait lui-même une haute idée de sa sagesse ; je lui exprimai le désir d’être admis au nombre de ses auditeurs et de jouir de son intimité. « Volontiers, me dit-il ; mais savez-vous la musique, l’astronomie, la géométrie ? penseriez-vous comprendre la science qui mène au bonheur sans posséder ces connaissances