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font pas leurs dieux meilleurs que les hommes. Mais le fils de Dieu est le Verbe, la pensée et la vertu du Père ; car tout a été fait par lui et avec lui, puisque le Père et le Fils ne sont qu’un. Or, comme le Père est dans le Fils, et le Fils dans le Père, par l’unité et la vertu de l’esprit, il s’ensuit que le Fils de Dieu est la pensée et le Verbe du Père.

S’il vous plaît de rechercher, avec la haute intelligence qui vous distingue, ce que c’est que le Fils, je dirai en peu de mots qu’il est la première production du Père, non point qu’il ait été fait comme les créatures (car de toute éternité Dieu avait en lui-même son Verbe, puisque sa raison est de toute éternité) ; mais il est sorti du Père, pour être la forme et le principe de toutes les choses matérielles, qui étaient confuses et mêlées, les plus subtiles avec les plus grossières, dans un affreux chaos. C’est l’Esprit saint qui nous l’apprend : « Le Seigneur, dit-il, m’a possédé au commencement de ses voies ; avant ses œuvres j’étais. » Et cet Esprit saint lui-même, qui agit dans les prophètes, nous disons qu’il émane de Dieu et qu’il retourne à Dieu, comme le rayon du soleil retourne au soleil. Qui ne s’étonnera qu’on traite d’athées les Chrétiens qui disent qu’il y a un Dieu père, un Dieu fils, un Saint-Esprit, unis en puissance et distingués en ordre ? Ce n’est point là que se borne notre théologie ; car nous reconnaissons aussi une multitude d’anges et de ministres que le Dieu, auteur et créateur de toutes choses, a établis et distribués, pour être présent partout et prendre soin des éléments, des cieux et de l’univers.

XI. Ne vous étonnez pas, grands princes, si je cherche à vous expliquer clairement notre doctrine ; je veux que la vérité vous soit bien connue, afin que vous ne soyez pas entraînés par les préjugés insensés du vulgaire, et voilà pourquoi je m’applique à vous faire l’exposé le plus exact et le plus fidèle : pour vous montrer combien nous sommes loin d’être des athées, nous pourrions invoquer nos préceptes de morale, préceptes qui ne viennent point de l’homme, mais qui ont été donnés et révélés par Dieu même. Quels sont donc ces préceptes dont on nourrit notre enfance ? Les voici : « Et moi