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Cependant, que d’obstacles s’opposaient encore à la promulgation d’un culte nouveau ! Sur chaque point de l’empire, quelques rites anciens, quelques superstitions locales conservaient tout leur pouvoir. Des peuples entiers étaient plongés dans la plus grossière ignorance, et trop stupides pour se défier d’aucune fable. Les autres s’accommodaient d’un culte sans devoirs, et d’une vie toute de passions et de jouissances. Le vieux polythéisme faisait encore le fond de la société romaine ; ses temples et ses idoles étaient partout devant les regards. Ses poëtes occupaient l’imagination charmée ; ses fêtes étaient le spectacle de la foule : il se mêlait à tous, comme un usage ou comme un plaisir ; il brillait sur les enseignes des légions, il ornait les noces et les funérailles. Plus tard, il ensanglanta les cirques et les théâtres. Il avait survécu à l’incrédulité même qu’il inspirait ; il était devenu une sorte d’hypocrisie publique professée par l’état, et sa décadence, étayée par le pouvoir, l’intérêt, l’habitude, semblait faite pour durer aussi longtemps que celle de l’empire.