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leurs fêtes en deux chœurs, comme pour célébrer la mémoire du passage de la mer Rouge, les hommes répétaient le cantique de Moïse, et les femmes celui de Marie. On eût dit une de ces tribus captives, transplantée sur les bords de l’Euphrate, et conservant les mœurs et les chants populaires de la patrie.

Cependant, ils donnaient l’exemple de ce dégoût de la vie commune, de cette fuite au désert qui marqua les commencements du Christianisme, et qui s’accordait si naturellement avec l’état du monde opprimé. Les thérapeutes étaient Juifs ; mais ils participaient à cette grande réformation qui se préparait par les vices et les malheurs de l’ancienne société ; du reste, toutes les sectes et toutes les colonies du peuple juif étaient rapprochées par une attente commune.

Quelques Juifs seulement ne voyaient, dans la promesse d’un Sauveur, qu’une espérance pour le salut des âmes et pour la réforme du monde. Les Samaritains, depuis si longtemps schismatiques, avaient à cet égard des idées plus élevées et plus pures que les Juifs de Jérusalem ; mais leur foi d’ailleurs était altérée par le mélange des croyances orientales.

Ces dogmes simples de Zoroastre, transmis de proche en proche, défigurés par l’ignorance de leurs derniers sectateurs, étaient devenus une nouvelle idolâtrie. Les génies remplaçaient les dieux ; c’était une autre erreur plus abstraite, plus contemplative, plus rêveuse que celle du paganisme romain, mais également faite pour troubler l’âme par la superstition et la crainte. Ces génies de l’Orient, ces intelligences émanées du Très-Haut, ces puissances intermédiaires ou rebelles, n’avaient point de temples ni de statues ; mais le dévot oriental se croyait sans cesse en leur pouvoir, les redoutait partout, les sentait, les souffrait en lui-même : de là ces possessions si communes dans l’histoire de cette époque. Ce n’était plus cette fureur divine, attribuée par les païens aux interprètes de leurs dieux ; ils vénéraient la Pythie. On exorcisait un possédé de Nazareth ou de Samarie. Ce n’était pas non plus ces furies vengeresses qui, dans le polythéisme grec, s’attachaient à la suite des grands coupables. Les malfaisants génies dont parle la Mishna,