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vie contemplative et solitaire ; Pline les appelle une nation éternelle, où il ne naît personne. C’était, de toutes les sectes et de toutes les opinions, celle qui s’avançait le plus vers cette réforme dont le monde avait besoin. Elle se détachait du judaïsme, qui avait mis autrefois les bénédictions temporelles dans le nombre des enfants. Elle substituait le célibat religieux à la vie patriarcale. La règle des esséniens cependant n’était pas uniforme à cet égard ; quelques-uns tenaient encore à la vie active, se mariaient, s’occupaient de labourage, et habitaient les plaines les plus fertiles de la Palestine et de la Syrie.

Mais une secte épurée, sortie de leur sein, et qui prenait le nom de thérapeutes, s’imposait la sévère continence, si difficile dans les climats brûlants de l’Asie. Elle était répandue en divers lieux, et portait avec elle, indépendamment de l’esprit juif, ce patriotisme monacal entretenu par la constance des mêmes privations et des mêmes sacrifices.

En Égypte, près du lac Mæris, il existait une colonie semblable, décrite par Philon. On croirait lire l’histoire d’un monastère chrétien.

La vie de ces thérapeutes ressemblait à celle des trappistes, à quelques austérités près : la prière et les pieux cantiques avant le point du jour, le travail des champs, le repas frugal et tardif avec de l’eau pure, de la farine de froment et des feuilles d’hysope, les longues prières du soir, voilà quelle était la vie de ces solitaires. Dans leurs retraites, les imaginations ardentes s’enflammaient à la lecture des livres hébraïques, et se nourrissaient de rêveries et d’enthousiasme. Des réunions de femmes étaient soumises à la même règle ; elles se rassemblaient dans le même temple que les hommes ; une muraille les en séparait, sans monter jusqu’au faîte du temple ; et, du haut d’une chaire élevée, la voix de l’orateur se faisait entendre aux deux côtés de l’assemblée.

Souvent ils se réunissaient pour des repas, semblables aux agapes des premiers Chrétiens, et réglés également par la frugalité la plus austère. Mais dans leurs chants, dans leurs prières, dans leurs usages, tout était encore israélite. Séparés dans