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entretiens des leçons de sagesse et des secrets magiques. Il avait trouvé dans l’Inde les rois soumis au sacerdoce ; et, de retour dans l’empire romain, il essaya de dominer les âmes par les illusions d’une espèce d’illuminisme que soutenaient la pureté des mœurs et l’enthousiasme de la vertu.

Mais la mythologie indienne proprement dite restait ignorée des Grecs et des Romains. Si l’on peut appercevoir quelques traits de ressemblance entre les divinités de ces diverses nations ; si l’Apollon des Grecs fut dessiné sur le Crishna de l’Inde, ces empreintes à demi-effacées sont d’une date inconnue, et n’étaient pas soupçonnées par les Grecs contemporains d’Alexandre. D’une autre part, l’Inde ne garda nulle empreinte de la conquête grecque. Les noms de fleuves et de villes imposés par les vainqueurs passèrent avec eux. L’ancien culte, les anciennes mœurs, subsistaient toujours dans l’immuable indolence des habitants. Il paraît cependant qu’au premier siècle de notre ère ce mouvement d’inquiétude et de curiosité religieuse qui agitait le monde passa jusqu’à l’inertie contemplative des Indes, et troubla le repos du brachmane. S’il faut en croire l’étude des monuments originaux, l’annonce d’un événement miraculeux se répandait alors dans l’Inde comme dans la Judée. La Perse, nommée barbare par les Grecs, semblait avoir eu dès longtemps un culte plus raisonnable et plus épuré que le polythéisme d’Europe. Elle n’admettait point les idoles, et Xercès, dans l’invasion de la Grèce, les fit partout détruire sur son passage ; mais le culte de Zoroastre, cette adoration de l’être éternel, représenté par le symbole du feu, cette antique religion des mages, bien que respectée par Alexandre, s’affaiblit par le mélange des peuples et l’influence de la conquête. Les rois d’origine grecque eurent des temples dans la Perse : les idoles s’introduisirent avec les arts.

Les mages furent persécutés, et se divisèrent en sectes nombreuses ; ce qui avait été le culte de l’état devint un rite salutaire et caché, qui se chargea de superstitions ; et la religion la plus simple enfanta cette imposture qui portait le nom de magie dans tout l’Orient, et qui se répandit parmi les Romains dégénérés.