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premiers centurions de Varus. En avançant vers le Nord, dans ces vastes régions qui sont bornées par l’Océan, et que Tacite a comprises sous le nom de Germanie, on trouvait partout des rites cruels : seulement les dieux de la Grèce et quelques divinités d’Égypte y étaient mêlés comme le souvenir d’une ancienne migration.

Les Quades immolaient des hommes à Mercure. Les Suèves ouvraient leurs assemblées publiques par le sacrifice d’une victime humaine. Là, Isis recevait un culte ; ici, la terre était adorée sous les noms qu’elle conserve encore dans les langues actuelles du Nord. Le pouvoir des prêtres était grand chez ces nations incultes et libres ; seuls ils pouvaient frapper et punir des hommes si fiers. Des prophétesses s’élevaient aussi parmi les vierges consacrées ; on les adorait à la fois comme femmes et comme déesses, et les noms d’Angaria, de Velleda, consacrés par la superstition des Germains, avaient plus d’une fois effrayé la fortune de Rome. Ainsi le polythéisme des peuples esclaves s’adoucissait ; celui des peuples libres restait féroce, et s’animait par d’horribles sacrifices dans les noires forêts, son dernier asile. Nulle part le polythéisme n’était aussi florissant que dans la Grèce, si l’on compte les statues, les temples, les monuments consacrés à la religion. Dans l’abaissement de la conquête, dans l’inaction qui la suivait, le culte des dieux semblait même devenu le plus grand intérêt politique des Grecs. Les vieilles haines des cités rivales étaient ensevelies sous un commun esclavage ; mais on disputait encore pour la possession d’un temple ou d’un terrain consacré. Sous Tibère, Lacédémone plaidait contre Messine, dans le Sénat romain, pour la propriété du temple de Diane Limnatide. On produisait de part et d’autre des autorités historiques et poétiques des édits de Philippe et d’Antigone, de Mummius, de Jules César, et du dernier consul d’Achaïe.

Messine gagna sa cause : ce fut la seule compensation de tous les maux dont l’avait affligée jadis sa terrible ennemie ; et peut-être Messine dut-elle ce succès à quelque désir d’humilier l’ombre de Lacédémone. D’autres villes de la Grèce ionienne fai-