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DU POLYTHÉISME DANS LES PREMIERS SIÈCLES DE NOTRE ÈRE[1].


Quand la lumière du Christianisme se leva sur l’Asie, les Romains, devenus le peuple dominateur, voyaient depuis longtemps s’affaiblir leurs antiques croyances[2]. Les dogmes religieux furent d’abord à Rome sous la garde de l’inquisition politique : on y croyait comme à la patrie, on les observait comme une loi tutélaire de l’État. Le commerce des Grecs vint tout changer ; ils arrivèrent avec leurs systèmes de philosophie si libres et si variés ; et, dans le temps même où Polybe admirait la superstition des Romains, déjà les poëtes de Rome, dans leur verve un peu rude, se permettaient d’étranges li-

  1. Nous empruntons en grande partie ce morceau aux Mélanges de M. Villemain, pour compléter ce que nous avons dit sur le polythéisme, et pour établir l’impuissance de l’esprit humain pour la régénération du monde.
  2. Ainsi, le Messie, qui depuis quatre mille ans était prédit, trouvait les esprits disposés à croire sa venue. Ce n’était donc pas seulement l’unité de l’empire romain qui favorisait la prédication des apôtres, mais encore l’état des esprits. Admirable préordination ! Étonnante preuve de la puissance et de la prescience divine ! Le Christ était promis pour cette époque, et tout était disposé pour amener le monde à y croire.