Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

boiteux qu’il était, une jeune orpheline par de tels présents. On voit Neptune naviguer, Mars se plaît dans les combats, Apollon est musicien, Bacchus roi de Thèbes, et Saturne régicide ; Jupiter s’unit à sa fille et il en a des enfants, comme l’attestent Éleusis, le dragon mystérieux et Orphée lui-même, qui a dit : « Fermez les portes aux profanes. » Pluton enlève Proserpine, et ses forfaits sont célébrés comme des mystères ; Cérès pleure sa fille, et les récits que font les Athéniens en trompent plusieurs. Dans le temple d’Apollon, il est un lieu appelé Omphale et cet Omphale est le tombeau de Bacchus. Je te loue, ô Daphné ! de ce que, triomphant de l’intempérance d’Apollon, tu prouvas l’impuissance de ses oracles, puisque tout son art ne put lui apprendre d’avance ta résolution. Que le Dieu qui lance des flèches me dise donc comment Zéphyr a tué Hyacinthe : Zéphyr le vainquit ; et bien qu’un poëte tragique ait dit : « La brise est le char le plus rapide des dieux, » il fut vaincu par une légère brise lorsqu’il perdit Amasis.

IX. Tels sont les démons : ce sont eux qui ont imaginé le destin. Ils enseignèrent d’abord que des animaux avaient leur demeure dans le ciel, et ils ont fait rendre les honneurs divins aux divers animaux avec lesquels ils vivaient depuis qu’ils furent chassés des régions supérieures. En divinisant ainsi ceux qui rampent sur la terre, ou qui nagent dans les eaux, ou les quadrupèdes qui habitent les montagnes, ils avaient pour but de se faire regarder eux-mêmes comme des habitants des cieux, et de persuader aux hommes qu’une conduite déraisonnable sur la terre peut devenir raisonnable par la position des astres ; d’où il résulte que l’homme colère et l’homme patient, l’homme sobre et l’intempérant, le riche et le pauvre, ne doivent leur manière d’être qu’à ces souverains législateurs ; car la description du Zodiaque est l’ouvrage des dieux. Si la lumière d’un de ces astres domine, selon le langage des fatalistes, celui-là enlève l’honneur aux autres ; et celui qui est vaincu maintenant est ordinairement vainqueur à son tour : semblables à des joueurs de dés, ils s’amusent surtout du mouvement des sept planètes. Quant à nous, nous sommes supérieurs au destin, et à la place de ces démons errants, nous avons appris à reconnaître un Dieu unique et immuable ; et n’étant point soumis aux lois du destin, nous en rejetons les législateurs. Mais dites-moi, je vous prie, est-il vrai que Néoptolème ait enseigné l’agriculture, qu’il ait rendu des services aux Athéniens après des jours de malheur ? Pourquoi donc Cérès, avant de perdre sa fille, n’avait-elle pas mérité la reconnaissance des hommes ? On montre dans le ciel le chien d’Érigone, le Scorpion qui fut l’auxiliaire