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Dieu, notre arbitre et notre créateur, qui nous jugera, et non point Minos et Rhadamanthe, avant la mort desquels, s’il faut en croire vos fables, aucune âme n’était jugée. En vain traiteriez-vous ce dogme de la résurrection comme une croyance puérile et ridicule, cela nous importe peu, car voici sur quelles raisons il est appuyé : avant de naître, tandis que je n’étais pas, j’ignorais qui j’étais, et j’existais seulement dans la substance de la chair ; mais depuis que je suis né, moi qui n’existais pas, je ne puis douter de mon existence. Il en sera de même de ma génération nouvelle : quand par la mort j’aurai cessé d’être et de paraître, j’existerai de nouveau, comme autrefois j’ai reçu l’être que je n’avais point. Que ma chair soit réduite en cendres par le feu, le monde recevra cette matière répandue dans les airs comme une vapeur. Que je sois englouti dans les fleuves ou au fond des mers, que je sois déchiré par les bêtes féroces, je n’en resterai pas moins caché dans les trésors de mon riche maître. L’homme faible et l’athée ne peuvent voir, sans doute, cette matière cachée ; mais dès que le Tout-Puissant le voudra, il rétablira dans son premier état cette substance qui n’est visible qu’à lui seul.

VII. Car le Verbe céleste, l’esprit engendré du Père, intelligence née d’une puissance intelligente, a fait l’homme à la ressemblance de son créateur, à l’image de son immortalité, afin que l’homme, devenu participant de la Divinité, eût aussi part à l’immortalité de Dieu. Le Verbe a aussi créé les anges avant la formation de l’homme. Or, l’une et l’autre de ces créatures a été créée libre et non point essentiellement bonne, car cette prérogative n’appartient qu’à Dieu seul. Mais l’homme peut devenir bon par la libre détermination de sa volonté ; de sorte que c’est avec raison que le méchant est puni de ses iniquités, dont il est lui-même l’auteur, et que le juste est récompensé de ses bonnes actions, puisqu’il n’a point abusé de son libre arbitre pour transgresser la loi de Dieu. Voilà ce qui regarde la création des anges et des hommes. Cependant, le Verbe, par sa puissance, prévoyant ce qui devait arriver, non par nécessité du destin, mais par un libre choix de la part de l’homme, le Verbe, dis-je, annonçait les événements futurs, interdisait le vice, encourageait, par des éloges, ceux qui persévéreraient dans la justice. Lors donc que les hommes eurent suivi un génie plus astucieux que les autres, parce qu’il était la première des créatures, et qu’ils l’eurent regardé comme Dieu, bien qu’il fût en révolte contre Dieu, alors le Verbe n’eut plus rien de commun avec le chef de cette criminelle rébellion, ni avec ceux qui s’étaient attachés à lui. Dès ce mo-