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5° Le Clerc (Hist. Ecclésiast. an 172, p. 378, § 3) dit que toute cette doctrine de Tatien est fort obscure, que les païens n’en pouvaient rien conclure, sinon que les Chrétiens admettaient deux dieux, l’un supérieur et par excellence, l’autre engendré de lui, et nommé le Verbe, créateur de toutes choses ; qu’il aurait été mieux de s’en tenir aux paroles des apôtres, et de ne point entreprendre d’expliquer des choses inexplicables.

Cela eût été bon, si les païens eussent voulu s’en contenter ; mais ils répétaient sans cesse que la doctrine des Chrétiens n’était qu’un amas de fables et de contes de vieilles, bons tout au plus pour amuser des enfants. Tatien voulait leur faire voir que c’était une doctrine profonde et raisonnée, une philosophie plus vraie et plus solide que toutes les visions des prétendus sages du paganisme. La manière dont il expose l’émanation du Verbe au moment de la création ne ressemble en rien aux généalogies ridicules des dieux, admises par les païens, ni aux émanations des eons, forgées par les gnostiques.

6° Origène et Clément d’Alexandrie reprochent à Tatien d’avoir dit que ces paroles de la Genèse : Que la lumière soit ! expriment plutôt un désir qu’un commandement, et qu’il a parlé comme un athée, en supposant que Dieu était dans les ténèbres. Or, dit Brucker, c’était un dogme de la philosophie orientale, égyptienne et cabalistique.

Mais ce n’est point dans le Discours contre les gentils que Tatien a ainsi parlé ; peu nous importe de savoir ce qu’il a rêvé lorsqu’il est devenu hérétique, et qu’il a embrassé la plupart des visions des gnostiques.

7° Nous ne nous arrêterons point à prouver que dans ce discours il n’a enseigné ni la matérialité ni la mortalité de l’âme ; les éditeurs de saint Justin l’ont justifié à cet égard (Préf., 3e part., chap. xii, n° 3). Il a du moins déclaré positivement que l’âme humaine est immortelle par grâce ; cela nous suffit.

8° L’éditeur d’Oxford prétend que Tatien y a réprouvé le mariage ; il dit n° 34 (55) : « Qu’ai-je besoin de cette femme peinte par Périclymène, qui mit au monde trente enfants dans une seule couche, et que l’on prend pour une merveille ? Cela