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nullement des principes du saint martyre, qui ne veut dire autre chose, sinon qu’avant la venue de Jésus-Christ, tout le genre humain, mais surtout ceux qui, comme Socrate, avaient plus de lumières et de conduite, participaient à la droite raison et avaient dès lors une disposition naturelle pour connaître la vérité.

Ce que Tertullien a dit encore depuis, mais d’une manière un peu différente, en s’écriant : « Ô témoignage d’une âme portée naturellement à reconnaître un Dieu et à être chrétienne ! » Il ne serait pas aussi facile de l’excuser sur l’ambassade qu’il prétend que Ptolémée Philadelphe envoya à Hérode, roi des Juifs ; il faudrait convenir qu’en cela il s’est trompé, Hérode n’ayant commencé à régner dans la Judée que longtemps après le règne de Ptolémée Philadelphe en Égypte, mais on peut dire que c’est une faute de copiste, qui a lu Hérode au lieu d’Hiereus, qui veut dire grand-prêtre, et qui, en cette qualité, gouvernait les Juifs.


Éditions grecques et latines des œuvres de saint Justin.


Nous sommes redevables de la première édition des œuvres de saint Justin à Robert-Étienne, qui la fit imprimer en grec à Paris, en 1551 (in-fol.), sur un manuscrit de la bibliothèque du roi ; il n’y inséra point la seconde Oraison contre les Grecs, ni l’Épître à Diognète, ce qui engagea Henri-Étienne à les faire imprimer séparément, en 1592 et 1595, en grec et en latin. Frédéric Sylburge ayant réuni tous ces ouvrages, les donna en grec et en latin, en 1593 (in-fol.), à Geidelberg, de l’impression de Commelin. Les ouvrages de saint Justin y sont divisés en trois classes : la première contient ceux qui sont contre les gentils ; la seconde, le dialogue contre Tryphon ; la troisième, ceux qui sont pour l’instruction des Chrétiens. Tout est de la traduction de Langus, excepté la seconde Oraison contre les Grecs et l’Épître de Diognète, qui sont de la version de Henri-Étienne. Pour rendre cette édition plus parfaite, Sylburge l’enrichit de plusieurs notes qu’il avait faites lui-même, et y ajouta celles de Haschelius, de Billius et de plusieurs autres critiques ; il fit encore entrer dans cette édition les ouvrages d’Athénagore, de Théophile d’Antioche, d’Hermias et de Tatien. Cette édition, qui passe pour la meilleure, quoiqu’elle soit défectueuse en beaucoup d’endroits, fut réimprimée à Paris en 1615 et 1636 (in-fol.), et ensuite à Wittemberg en 1686 (in-fol.), quoiqu’on ait mis dans le titre à Cologne. On ajouta dans celle de Paris les réponses de Lausselein aux remarques critiques que Casaubon avait faites sur les ouvrages de saint Justin ; et dans celle de Wittemberg les notes de Karholtus avec les commentaires sur Athénagore, Théophile et Tatien, que