Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’après avoir été prêché dans la plus belle langue du monde, par l’homme le plus éloquent et le plus illustre des temps antiques, dans la capitale du monde le plus éclairé parmi les anciens, il soit resté près de cinq cents ans parfaitement ignoré, et que tout d’un coup il ait pris l’essor, ranimé par un pauvre charpentier sans littérature, et par douze pêcheurs ignorants, en un petit coin de la Syrie ?

Si le Christianisme, avec ses dogmes essentiels, se trouve dans Platon, comment se fait-il que lorsqu’il a été prêché par Jésus-Christ, par les apôtres et par les premiers confesseurs, il ait été reconnu unanimement, dans tout le monde païen, comme une doctrine si neuve, si étrange, si paradoxale, si monstrueuse, que son auteur a été mis en croix, et ses sectateurs poursuivis, tourmentés, jetés au feu et au cirque ? N’y avait-il donc plus, ou en Grèce, ou en Italie, ou en Orient, un seul platonicien, pour faire remarquer aux prêtres et aux empereurs du paganisme qu’ils proscrivaient leurs propres idées ?

Si les dogmes du Christianisme sont en même temps les dogmes du platonisme, comment se fait-il que ces mêmes dogmes aient engendré des deux côtés une morale contradictoire ? N’est-il pas étrange que ces dogmes aient conduit, par exemple, dans le Christianisme, à la monogamie ; dans le platonisme, à la polygamie ; dans