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les Chrétiens sont dans le monde sans être du monde. L’âme, invisible de sa nature, est placée dans un corps visible qui est sa demeure. Vous voyez les Chrétiens pendant leur séjour sur la terre, mais leur culte, qui est tout divin, ne tombe pas sous les yeux. La chair, sans avoir reçu aucun outrage de l’esprit, le déteste et lui fait la guerre, parce qu’il est ennemi des voluptés. Ainsi le monde persécute les Chrétiens, dont il n’a pas à se plaindre, parce qu’ils fuient les plaisirs. L’âme aime la chair qui la combat et les membres toujours soulevés contre elle. Ainsi les Chrétiens n’ont que de l’amour pour ceux qui ne leur montrent que de la haine. L’âme, enfermée dans le corps, le conserve ; les Chrétiens, enfermés dans ce monde comme dans une prison, empêchent qu’il ne périsse. L’âme immortelle habite un tabernacle périssable ; les Chrétiens, qui attendent la vie incorruptible des cieux, habitent comme des étrangers les demeures corruptibles d’ici-bas. L’âme se fortifie par les jeûnes, les Chrétiens se multiplient par les persécutions : le poste que Dieu leur a confié est si glorieux, qu’ils regardent comme un crime de l’abandonner.

VII. Je l’ai déjà dit, et je le répète, la parole qu’ils ont reçue n’est pas une invention de la terre ; elle n’est point un mensonge des mortels, la doctrine qu’ils se font un devoir de conserver avec soin ; enfin le mystère confié à leur foi n’a rien de commun avec ceux de la sagesse humaine.

Dieu lui-même le tout-puissant, le créateur de toutes choses, a fait descendre du Ciel sur la terre la vérité, c’est-à-dire son Verbe saint et incompréhensible ; il a voulu que le cœur de l’homme fût à jamais sa demeure. Ce n’est donc pas, comme quelques-uns pourraient le croire, un ministre du Très-Haut qui nous a été envoyé, un ange, un archange, un des esprits qui veillent à la conduite du monde, ou qui président au gouvernement des cieux. Celui qui est venu vers nous est l’auteur, le créateur du monde, par qui Dieu le père a fait les cieux, a donné des limites à la mer ; c’est lui à qui obéissent et le soleil, dont il a tracé la route dans les cieux avec ordre de la parcourir chaque jour sans sortir de la ligne tracée, et la