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ils paru que de nos jours ? J’approuve votre désir, Diognète, et je demande à Dieu, qui seul donne la parole et l’intelligence, de mettre dans ma bouche le langage le plus propre à changer votre cœur, et de vous faire la grâce de m’écouter, de manière que celui qui vous parle n’ait plus à s’affliger sur votre sort.

II. Quand vous serez dégagé de toutes les préventions qui vous assiégent, et affranchi de l’empire de l’habitude qui vous égare et présente un obstacle à la vérité ; enfin quand vous serez devenu un homme nouveau semblable à celui qui vient de naître, puisque de votre aveu la parole que vous allez entendre est nouvelle pour vous, considérez des yeux et de l’esprit et du corps quelle est la nature et la forme de ceux que vous appelez et que vous croyez des dieux.

L’un n’est-il pas fait d’une pierre semblable à celles que vous foulez aux pieds, l’autre d’un cuivre qui n’a pas plus de valeur que celui dont on fait les vases propres à votre usage ; celui-ci d’un bois qui se pourrit, celui-là d’un argent qui réclame la surveillance de l’homme dans la crainte des voleurs ; quelques-uns d’un fer rongé par la rouille, plusieurs d’une argile qui n’a rien de plus remarquable que l’argile qui, par sa forme, sert aux emplois les plus bas ? Enfin ne sont-ils pas tous d’une matière corruptible, façonnée à l’aide du fer et du feu, ou par un sculpteur, ou par un forgeron, ou par un orfèvre, ou par un potier ? Aucun de ces dieux avait-il une forme, une figure, avant de les avoir reçues des mains de l’ouvrier ? Tous les vases faits de la même matière ne peuvent-ils pas à l’instant devenir des dieux, s’ils rencontrent des mains habiles qui leur rendent ce service ; comme aussi les dieux que vous adorez ne peuvent-ils pas à leur tour, s’il plaît à l’ouvrier, devenir des vases semblables à ceux dont nous nous servons tous les jours ?

Tous ces dieux ne sont-ils pas sourds, ne sont-ils pas aveugles, inanimés, insensibles, incapables de se mouvoir ? Ne les voit-on pas se pourrir, se corrompre ? Et tels sont les dieux que vous servez, les dieux que vous adorez ! Et vous, leurs adorateurs, vous leur devenez entièrement semblables ! Les Chrétiens ne vous sont odieux que parce qu’ils refusent de reconnaître de