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point à cause de son fils, ni le fils à cause de son père, mais chacun portera la peine de son péché, comme aussi chacun sera sauvé d’après le bien qu’il aura fait. Écoutez encore ce que dit ailleurs Isaïe : « Ils verront les cadavres des prévaricateurs de la loi ; le ver qui les ronge ne mourra pas, le feu qui les dévore ne doit pas s’éteindre, et toute chair les verra dans cet état. » Je le répète, s’il en était autrement, notre maître ne nous aurait pas dit au nom de Dieu le père, du souverain arbitre de toutes choses qui l’a envoyé :

« Ils viendront d’Orient et d’Occident, ils seront assis auprès d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, dans le royaume des cieux, tandis que les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures. » Mais ceux d’entre les anges et les hommes que l’Esprit saint nous montre d’avance comme des prévaricateurs ne deviennent pas méchants par la faute de Dieu ; leur coupable disposition seule les rend ce qu’ils paraîtront un jour, ainsi que je l’ai déjà dit plus haut.

CXLI. Je n’ai pas voulu que vous pussiez dire qu’il fallait de toute nécessité que le Christ fût mis en croix, et que des hommes d’entre vous devinssent prévaricateurs ; aussi me suis-je attaché précédemment à vous montrer en peu de mots que Dieu, qui voulait que l’ange et l’homme obéissent à sa volonté, les créa libres, afin qu’ils se portassent de leur plein gré à la pratique de la justice, et leur donna en même temps la raison, pour connaître celui dont ils ont reçu l’être et la vie, à la condition d’être un jour jugés par lui, s’ils agissaient contrairement à cette raison. C’est pourquoi, qui que nous soyons, anges ou hommes, il suffira de notre témoignage pour nous condamner si nous avons péché sans avoir fait pénitence. Quand l’Esprit saint nous annonce que des anges ou des hommes seront punis, c’est qu’il prévoit que, devenus coupables, ils n’auront pas voulu changer ; mais il ne veut pas dire que Dieu les ait rendus tels qu’ils auront été : qu’ils fassent donc pénitence, et ils pourront tous, s’ils le veulent, obtenir miséricorde. L’Écriture elle-même les déclare heureux : « Heureux en effet, nous dit-elle, l’homme à qui Dieu n’aura pas imputé son pé-