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CXXXI. Mais citons les paroles de l’Écriture qui nous montrent Dieu faisant la séparation des peuples ; les voici : « Interroge ton père, et il t’apprendra ; interroge tes ancêtres, et ils te diront : quand le Très-Haut divisait les nations, quand il séparait les enfants d’Adam, il marqua les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël. Jacob est devenu le partage du Seigneur ; Israël est devenu son héritage. » Quant aux Septante, ajoutai-je, c’est ainsi qu’ils traduisent : « Il marqua les limites des peuples selon le nombre des anges du Seigneur. » J’ai adopté votre sens, parce qu’il n’affaiblit en rien mon raisonnement. Voyons quel est le véritable Jacob, le véritable Israël. Si vous voulez être de bonne foi, vous avouerez que nous autres gentils que Dieu a appelé, par le mystère de la croix, si abject et si honteux, nous que les démons et leurs suppôts livrent aux supplices sans autre motif que celui de notre foi, de notre soumission et de notre piété, et poursuivent jusqu’à la mort par votre propre ministère, que vous ne leur refusez jamais ; vous avouerez, dis-je, qu’il n’est point de tourments que nous ne supportions plutôt que de renier, je ne dis pas de cœur, mais seulement de bouche, le Christ qui nous a appelés au salut préparé par son père ; vous conviendrez dès lors que nous sommes bien autrement fidèles à Dieu que vous autres, qui cependant en avez reçu tant de bienfaits. N’a-t-il pas déployé pour vous toute la force de son bras ? Ne vous a-t-il pas visité dans tout l’éclat de sa gloire, quand il vous a racheté de l’Égypte ? N’a-t-il pas divisé pour vous les eaux de la mer ? Ne vous a-t-il pas ouvert un chemin à travers ses abîmes ? N’a-t-il pas frappé de mort, dans ce chemin miraculeux, ceux qui vous poursuivaient avec tout l’appareil de leur puissance et dans des chars magnifiques ? N’a-t-il pas refermé sur eux la mer qu’il avait affermi sous vos pas ? Ne sommes-nous pas plus fidèles que vous, aux yeux desquels il a fait briller une colonne de feu, et qui, seuls de tous les peuples, avez vu s’allumer tout exprès pour vous un flambeau qui ne pouvait ni décroître ni s’éteindre ; vous, qu’il a nourri d’un pain tout particulier, du pain même des anges, quand il fit pleuvoir sur vous la manne