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l’Égypte, elle devient mon peuple, ainsi que l’Assyrie ; mais Israël est mon héritage. »

Puisque Dieu bénit ce peuple, l’appelle Israël et le proclame son héritage, comment ne faites-vous pas pénitence et de votre orgueil, qui vous fait croire que vous êtes le seul Israël, et de votre haine, qui voue à l’exécration le peuple béni de Dieu ? Car le Seigneur, après s’être adressé à Jérusalem et à toutes les contrées qui l’entourent, ajoute ces paroles : « Je ferai naître des hommes à votre place qui deviendront mon peuple, ils vous posséderont en héritage, vous tomberez en leur pouvoir, et vous ne pourrez les empêcher de vous ravir vos enfants. »

— Et quoi donc ! s’écrie alors Tryphon, c’est vous qui êtes Israël, c’est de vous que parle le prophète !

Si ce n’était pas, lui dis-je, une de ces questions que j’ai bien discutées avec vous, je ne saurais plus si c’est faute de me comprendre que vous me faites ici une pareille demande. Mais comme c’est une affaire terminée, un point éclairci qui a pour lui ses preuves et votre assentiment, je ne puis croire qu’il vous reste ici le moindre doute, ou que l’esprit de contention vous porte à soulever de nouvelles difficultés. Vous m’excitez plutôt, je pense, à revenir sur les mêmes preuves pour l’instruction de nos nouveaux auditeurs. Tryphon me fit de l’œil un signe d’approbation, et je continuai : Si vous me prêtez une oreille bien attentive, vous comprendrez que Dieu, parlant du Christ en parabole dans Isaïe, l’appelle Jacob et Israël, témoin ce passage :

« Jacob est mon serviteur, je prendrai sa défense ; Israël est celui que j’ai choisi. J’ai répandu sur lui mon esprit ; il portera la justice parmi les nations ; il ne criera point ; il ne contestera point ; personne n’entendra sa voix sur les places publiques ; il ne foulera point aux pieds le roseau déjà brisé. Il n’éteindra pas le lin qui fume encore, mais il jugera dans la vérité ; ses bras seront ouverts à tous ; il ne brisera personne, jusqu’à ce qu’il ait établi la justice sur la terre, et les nations espéreront en son nom. » De même que toute votre nation fut appelée Jacob et Israël, de Jacob surnommé