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premier avénement, qui était celui des humiliations et des mépris, il a déjà jeté tant d’éclat et déployé une si grande force, qu’il a pu se faire connaître de toutes les nations, ramener à la vertu des hommes plongés depuis si longtemps dans le crime, au point que les démons tremblent à son nom ; que les royaumes et les principautés le redoutent plus que toutes les puissances qui ont jamais existé ; comment ne pourrait-il pas, au jour de son glorieux avénement, renverser ceux qui l’ont poursuivi de leur haine, ou qui l’ont indignement abandonné et introduire dans son repos ses fidèles serviteurs et les combler de tous les biens qu’il leur a promis ? Par lui il nous a été donné d’entendre et de comprendre, d’obtenir le salut, et de connaître tout ce que Dieu le père a voulu nous révéler ; aussi Dieu le père adresse-t-il au Christ ces paroles : « Il vous est glorieux d’être appelé mon serviteur, pour réparer les restes de Jacob et convertir les tribus d’Israël ; je vous ai établi la lumière des nations et le salut des extrémités de la terre. »

CXXII. Vous croyez que ces paroles s’entendent des étrangers ou de vos prosélytes. Elles n’ont de sens véritable qu’autant qu’elles s’appliquent à nous autres gentils amenés à la lumière par Jésus : s’il en était autrement, il vous aurait rendu témoignage ; mais qu’a-t-il dit à l’égard de vous ? Que vous étiez doublement enfants de colère. Ainsi donc ces paroles des prophètes s’entendent, non de vos prosélytes, mais de nous autres, dont l’Écriture parle en ces termes : « Je conduirai les aveugles dans une voie qu’ils ne connaissent pas, et je les ferai marcher dans des sentiers qu’ils ignorent. C’est moi qui l’atteste, dit le Seigneur, et avec moi le serviteur que j’ai choisi. » À qui le Christ rend-il témoignage ? N’est-ce pas à ceux qui croient en lui ? Non-seulement vos prosélytes n’y croient pas, mais ils enchérissent encore sur vous dans leurs blasphèmes contre le nom de Jésus ; et nous autres qui croyons, nous avons tout à souffrir de leur part : ils ne cherchent qu’à nous faire mourir ; enfin ils se montrent en toutes choses vos dignes émules. Ailleurs, le Seigneur dit encore : « Moi le souverain maître, je t’ai appelé dans les décrets de ma