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Faut-il prendre ce passage dans le sens absurde qu’il plaît à vos docteurs de lui donner, et non pas comme une figure qui se rapporte à Jésus crucifié ; Jésus, que représentait Moïse par ses mains étendues, et Josué par ce nom qu’il reçut lorsqu’ils assurèrent l’un et l’autre la victoire à votre peuple ? Cette manière d’entendre l’Écriture ne laisse plus de doute, de vague dans l’esprit ; on comprend la pensée du législateur. Alors il ne paraît plus abandonner la cause de Dieu, et conseiller au peuple de placer sa confiance dans un reptile par qui la prévarication et la désobéissance sont entrées dans le monde. Vous trouvez dans toutes les paroles, dans toutes les actions de ce saint prophète un sens profond, un grand mystère. Tout s’accorde, tout s’explique à merveille dans celles des autres prophètes, lorsqu’on possède une fois l’intelligence des choses qu’elles renferment.

Mais de quoi s’occupent vos docteurs ! Ils descendent à je ne sais quelles misérables et futiles discussions : ils vous diront pour quelle raison dans cet endroit ou dans celui-ci on ne parle pas des chameaux femelle ; ce qu’on entend par ces chameaux appelés femelles ; pourquoi l’usage de tant de mesures de farine, de tant de mesures d’huile dans les offrandes prescrites par la loi. Mais, tout ce qui a de l’importance, tout ce qui mérite d’être examiné, ils se gardent bien de l’expliquer ou même d’en parler ; non contents de passer sous silence ces graves objets, ils vous défendent de nous écouter quand nous les traitons, et vous empêchent d’avoir aucun rapport avec nous. Ne méritent-ils pas qu’on leur applique ces paroles que Jésus, notre maître, adressait aux docteurs de son temps : « Sépulcres blanchis, beaux au dehors, mais au dedans pleins d’ossements et de corruption ; qui donnez la dîme de la menthe et qui avalez un chameau. » Si vous ne rejetez la doctrine de ces hommes qui se prêchent eux-mêmes et qui veulent être appelés : Maîtres ! maîtres ! si vous n’apportez à la lecture des prophètes le courage, la constance même des prophètes ; si vous n’êtes pas prêts à souffrir de la part des vôtres tout ce que ces derniers en ont souffert, je vous déclare que la lecture de leurs écrits sera sans fruit pour vous.