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gnifient que vous et tous les incrédules faites votre possible pour bannir, non pas seulement de leurs biens, mais encore du monde entier, tous ceux qui portent le nom de Chrétiens, et qu’il ne leur est plus permis de jouir librement du bienfait de la vie. Vous dites : Eh ! n’est-ce pas ce que notre peuple lui-même a souffert ? Mais si tel a été pour vous le sort de la guerre, c’était un châtiment que vous aviez mérité, ainsi que l’attestent toutes les Écritures. Mais nous, qui avons cessé de commettre le mal depuis que nos yeux se sont ouverts à la vérité, nous avons Dieu pour garant que notre mort n’est pas plus juste que celle qu’on a fait subir à celui qui était sans tache et la justice même, je veux dire le Christ. « Le juste, dit Isaïe, le juste périt, et nul n’y pense dans son cœur : les justes sont enlevés de ce monde, et personne n’y pense. »

CXI. Au sujet de ces deux avénements, je dois vous rappeler que déjà du temps de Moïse ils avaient été figurés d’une manière mystérieuse par les deux boucs que l’on offrait les jours de jeûne. Nous avons aussi montré que Moïse et Josué étaient eux-mêmes des figures de ces deux avénements : l’un resta jusqu’au soir sur la colline les bras étendus, tandis qu’on les soutenait (rien sans doute ne représentait mieux la croix que cette attitude) ; l’autre, qui portait le nom de Jésus, commandait l’armée et donnait la victoire aux Hébreux.

Il est à remarquer que, pour mieux figurer les deux avénements, ces deux saints personnages, ces deux prophètes du Seigneur ont représenté séparément les deux grands mystères dont nous venons de parler, l’un retraçant la croix, l’autre rappelant le nom de Jésus, et n’ont pu réunir les deux symboles dans une même personne. La réunion s’est faite dans Jésus seul. Et telle est, telle a été et telle sera toujours sa force, que son nom même fait trembler toute autre puissance que la sienne ; elle se sent défaillir à la seule idée qu’un jour elle doit être renversée par lui. Ainsi donc notre Christ, tout passible, tout crucifié qu’il a été, n’encourut point la malédiction portée par la loi ; mais il prouvait que lui seul pouvait sauver ceux qui savent conserver la foi. En Égypte, les Hé-