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être impeccable, il lui a fallu le secours de Dieu ; car, comme le dit Isaïe : « Il n’a jamais péché même en parole, puisqu’il a ignoré l’iniquité, et que le mensonge n’a point souillé sa bouche, » comment vous et vos semblables, qui attendez le salut sans avoir aucun titre qui vous donne cette espérance, comment, dis-je, ne voyez-vous pas que vous vous abusez, que vous vous trompez vous-mêmes ?

CIII. Voyons encore comme l’avenir a réalisé la prophétie renfermée dans ces autres paroles : « La tribulation me presse, personne n’est là pour me secourir ; une multitude de jeunes taureaux m’ont environné, des taureaux de Basan m’ont assailli : ils fondent sur moi la gueule béante comme le lion qui déchire et qui rugit ; je me suis écoulé comme l’eau, tous mes os ont été ébranlés. » Parlerai-je de cette nuit où Jésus vit fondre sur lui, de la montagne des Oliviers, les hommes envoyés par vos scribes et par vos pharisiens, à la faveur de l’ascendant que leur donnait la puissance de leur parole ? Le Christ ne s’est-il pas trouvé alors comme environné de jeunes taureaux à la corne menaçante et d’une fureur prématurée et meurtrière ? Les taureaux de Basan, dont il est ensuite question, désignent ceux d’entre vous qui se portèrent contre le Christ aux mêmes excès de violence que les jeunes taureaux, quand il fut amené devant vos docteurs. Ce n’est pas sans raison que l’Écriture les désigne sous le nom de taureaux ; d’eux naissent les jeunes veaux, ainsi que nous le savons. Eh bien ! ce que les premiers sont pour les seconds, vos maîtres l’ont été pour leurs enfants. Ils les ont poussés à se jeter sur le Christ, de la montagne des Oliviers, pour se saisir de sa personne et l’amener devant eux. Le prophète ajoute : « Personne n’est là pour le secourir. » Et n’est-ce pas ce qui est arrivé ? De cette multitude d’hommes, il n’en est pas un seul qui se soit levé en faveur de l’innocence opprimée ; et dans le lion rugissant dont la bouche ouverte est prête à dévorer, ne voyez-vous pas le roi des Juifs de cette époque, appelé aussi du nom d’Hérode et successeur de cet Hérode qui fit mourir tous les enfants de Bethléem, vers le temps où le Christ naquit, parce qu’il se flattait d’en-