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à la fois et en un même moment ? Mais il trouva plus digne de lui de créer l’ange et l’homme entièrement libres d’observer ou non les règles de justice qu’il leur avait données, et de les laisser jouir de cette liberté tout le temps qu’il le jugerait convenable. Il trouva également plus digne de lui d’établir un jugement particulier et un jugement général, sans toutefois porter atteinte au libre arbitre. C’est pourquoi l’Écriture, au sujet de la confusion de langage et de la multitude d’idiomes qui suivit la construction de la tour de Babel, s’exprime en ces termes : « Le Seigneur dit : Ils ne forment qu’une race, ils n’ont qu’une seule langue ; ils ont commencé, et ils ne cesseront pas jusqu’à ce qu’ils aient accompli leur dessein. » Quant à ces paroles : « Ma force s’est desséchée comme l’argile, ma langue s’est attachée à mon palais, » c’est encore une prédiction de ce que devait faire le Christ, et toujours pour obéir à la volonté de son père. La force et la puissance de sa parole, qui confondait les scribes, les pharisiens et tous vos docteurs, quand ils osaient disputer avec lui, ne fut-elle pas suspendue ainsi qu’une source d’eau vive qui, jaillissant avec impétuosité, s’interrompt tout à coup quand on détourne son cours ? Il s’est tû, il a refusé de répondre, devant Pilate, à tous ceux qui l’interrogeaient, comme nous l’apprenons par les écrits de ses apôtres, afin que cette parole d’Isaïe eût aussi son accomplissement : « Le Seigneur ma donné une langue éloquente, mais pour parler quand il le faut. » Ces mots : « Vous êtes mon Dieu ; ne vous éloignez pas de moi, » nous apprennent à mettre notre confiance en Dieu, qui a tout fait ; à chercher en lui seul notre appui, notre salut, et non pas dans la naissance, dans la force, dans les richesses, dans la prudence humaine, à l’exemple de la plupart des hommes, ainsi que vous l’avez fait vous-mêmes dans tous les temps. N’avez-vous pas autrefois érigé un veau d’or ? Ne vous êtes-vous pas toujours montrés ingrats ? N’avez-vous pas été persécuteurs des justes jusqu’à les mettre à mort, vains jusqu’à l’arrogance, à cause de vos ancêtres ? Si le fils de Dieu vous a déclaré que ni ce nom divin, ni sa puissance, ni sa sagesse ne pouvaient le sauver ; que pour