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encore que si, d’un côté, il est fils de Dieu, de l’autre, il est homme, fils d’une vierge, afin que le péché, introduit dans le monde par le serpent, fût détruit par les moyens qui l’avaient fait naître. Ève, encore vierge et sans tache, écoute le démon, elle enfante le péché et la mort ; Marie également vierge, écoute l’ange qui lui parle ; elle croit à sa parole, elle en ressent de la joie lorsqu’il lui annonce l’heureuse nouvelle, c’est-à-dire lorsqu’il lui apprend que l’esprit du Seigneur surviendra en elle, que la vertu du Très-Haut la couvrira de son ombre, que le fils qu’elle doit enfanter est le fils de Dieu ; elle répond : « Qu’il soit fait selon votre parole ! » C’est alors que naquit d’elle le salut du monde, celui qu’avaient annoncé tant d’oracles, celui par qui Dieu terrasse le serpent, ainsi que les anges et les hommes qui lui ressemblent, tandis qu’il arrache à la mort ceux qui font pénitence et croient en son Christ.

CI. Viennent ensuite ces paroles : « Nos pères ont espéré en vous, et vous les avez délivrés ; ils ont crié vers vous, et ils n’ont pas été confondus. Pour moi, je suis un ver de terre et non un homme ; je suis l’opprobre des mortels et le rebut du peuple. » Nous voyons par cet endroit que Dieu ne reconnaît pour véritables pères que ceux qui ont espéré en Dieu et mérité le salut. Les pères dont il parle étaient les ancêtres dont il naquit quand il se fit homme. Il nous apprend que c’est aussi de son père qu’il attend son salut.

Il se glorifie de ne rien faire que d’après sa volonté et avec son secours. Telle fut, en effet, sa vie sur la terre ; quelqu’un l’avait appelé bon maître : « Pourquoi m’appelez-vous bon, lui dit-il ? personne ne mérite ce nom, si ce n’est mon père qui est dans les cieux. » Par ces mots : « Je suis un ver de terre et non un homme ; je suis l’opprobre des mortels et le rebut du peuple, » le prophète annonçait ce qui s’est accompli, ce qui se réalise encore sous nos yeux.

Partout on nous fait, à nous autres qui croyons en lui, comme un opprobre de ces mots. « Il fut le rebut du peuple. » On nous reproche d’adorer celui que votre nation a poursuivi de son mépris, a chargé d’ignominie et qui a tout souffert de votre part.