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craignez ; glorifiez-le, race de Jacob ; craignez-le tous, vous qui êtes de la race d’Israël ! »

Ma citation finie, je continuai en ces termes : Tout ce psaume ne peut s’entendre que du Christ, ainsi que je vais vous le prouver en reprenant chacune des paroles qui le composent. Par les premières : « Mon Dieu, mon Dieu ! tournez vos regards sur moi ; pourquoi m’avez-vous abandonné ? » le prophète annonçait longtemps d’avance les paroles mêmes que devait prononcer le Christ attaché à la croix. Ne s’est-il pas écrié : « Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’avez-vous abandonné ? » Et celles qui suivent : « N’éloignez pas de moi votre salut, ne soyez pas sourd à mes cris. Je vous invoque toujours, et vous ne m’écoutez pas ; je crie vers vous au milieu de la nuit, et vous ne me laissez rien ignorer ! » ne sont-elles pas l’expression fidèle de tout ce que devait faire le Christ ? Le jour qu’il devait être crucifié, il prit avec lui trois de ses disciples et les conduisit sur la montagne des Oliviers, qui s’élève en face du temple de Jérusalem ; et là, il fit à Dieu cette prière : « Mon père, que ce calice s’éloigne de moi ! » Puis il ajouta : « Que votre volonté soit faite, et non pas la mienne ! » Par ces paroles, il montre qu’il sentait vraiment la douleur, qu’il était vraiment homme. Et pour qu’on ne dise point : « Il ne savait donc pas qu’il aurait à souffrir ? » il ajoute aussitôt par la bouche du Psalmiste : « Vous ne m’avez rien laissé ignorer. » De même qu’il n’y avait pas ignorance en Dieu quand il demandait à Adam où il était, et à Caïn ce qu’il avait fait d’Abel, son frère, et qu’il voulait seulement les forcer à se reconnaître eux-mêmes tels qu’ils étaient, et que l’histoire de ce qui était arrivé restât écrite et parvînt jusqu’à nous, ainsi Jésus déclare qu’il ne s’agit pas ici de sa propre ignorance, mais de l’ignorance de ceux qui ne croyaient pas qu’il fût le Christ, et qui pensaient pouvoir, sans conséquence, le faire mourir, se persuadant qu’il en serait de lui comme d’un homme ordinaire, qu’il ne sortirait pas du tombeau.

C. Ce qui suit : « Mais vous habitez dans le sanctuaire, vous la gloire d’Israël ! » annonçait le prodige le plus digne de